Une association d'écologistes a demandé la suspension du chantier de l'usine de nickel du groupe canadien Inco dans le sud de la Nouvelle-Calédonie. Dans une expertise, cette usine a récemment été mise en cause pour ses risques environnementaux.

«Nos chefferies et nos populations refusent le rejet en mer de métaux lourds, la destruction de nos écosystèmes marins et terrestres et la pollution atmosphérique au-delà des normes», a indiqué dans un communiqué le comité Rheebhu Nùù, en demandant «la suspension» du chantier de l'usine. Ce comité rassemble des représentants des tribus kanakes et des écologistes.

Inco, premier producteur de nickel du monde occidental, construit dans le sud de la Calédonie, une usine hydrométallurgique de 60.000 tonnes de nickel et 5.000 tonnes de cobalt annuelles, qui doit fonctionner à partir de 2007, selon un procédé chimique de lixiviation (extraction par lavement) à l'acide sulfurique.
Cette usine d'1,8 milliard de dollars sera située dans une baie du grand sud calédonien, abritant une biodiversité exceptionnelle.
La demande de Rheebu Nùù intervient après la publication, la semaine dernière, d'une expertise sur l'impact des projets métallurgiques de nickel en Nouvelle-Calédonie, qui a pointé les risques écologiques de l'usine d'Inco.
Ce rapport s'inquiète notamment du taux de manganèse de 100 mg/l, cent fois supérieur à la norme admise, qui sera contenu dans les effluents.
«Il n'est pas possible aujourd'hui d'évaluer avec certitude l'impact du dépôt de manganèse (...) sur le biotope marin, ni les effets du chrome hexavalent et des autres métaux», ont indiqué les experts.
Ces derniers ont également mentionné les émissions de dioxyde de soufre supérieures aux normes de la centrale thermique d'Inco ainsi que «le risque majeur de pollution des eaux» au travers «des aires de stockage à terre des résidus chargés en polluants chimiques».
L'expertise a en outre souligné qu'en matière de protection de l'environnement et de gestion du risque industriel, la Nouvelle-Calédonie «est encore loin d'une réglementation cohérente et complète, comme cela existe en France et en Europe».
Une contre-expertise est en cours sur le projet d'usine d'Inco, dont les responsables affirment que «toutes les mesures sont prises pour travailler sans impact négatif sur l'environnement».

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