Selon un rapport parlementaire, la France devrait privilégier des projets biomasse "de taille raisonnable" plutôt que des installations trop grandes, nécessitant le transport de quantités importantes de bois sur des distances trop grandes qui pénalisent le bilan carbone final.

A moins d'une semaine de la tenue du troisième colloque national Biomasse, organisé par le Syndicat des Energies Renouvelables, deux parlementaires viennent de présenter un rapport sur le sujet devant le bureau de la Commission du Développement durable et de l'aménagement du territoire de l'Assemblée nationale. Les co-rapporteurs, le député EELV des Bouches-du-Rhône, François-Michel Lambert, et son homologue UMP du Bas-Rhin, Sophie Rohfritsch, estiment dans ce document que la France devrait privilégier des projets locaux de développement de cette énergie renouvelable : "La biomasse est une énergie éminemment locale qui se marie mal avec les grands projets nécessitant des approvisionnements très lourds". Les deux élus mettent en avant le risque de surdimensionnement des projets conduisant à l'importation de ressources comme le bois sur de trop longues distances, impactant de ce fait le bilan carbone final de façon défavorable.

 

Un bilan carbone nul
Car la biomasse est une énergie - électricité, gaz, chaleur, biocarburant - produite à partir de matières organiques, dont le bois et ses sous-produits, les produits agricoles ou les déchets ménagers. "Une organisation territoriale des acteurs publics et privés autour de projets de taille raisonnable, privilégiant la production de chaleur, la cogénération et la production de biométhane, présente les meilleures probabilités de succès à un coût raisonnable", ajoutent les députés. Un plaidoyer pour cette énergie renouvelable, qui contribuerait davantage au mix énergétique français que l'éolien ou le solaire. Et, contrairement à une idée admise, la biomasse participerait bien à la lutte contre le réchauffement climatique dans la mesure où le gaz carbonique dégagé par la combustion des bioénergies serait compensé par la quantité de ce même gaz absorbée par les végétaux lors de leur croissance.

 

Le rapport parlementaire recommande donc un soutien public "à un niveau acceptable", arguant de la non-rentabilité financière de la plupart des projets biomasse à l'heure actuelle, compte tenu du prix relativement faible de l'énergie en France. Les deux auteurs plaident pour une relance de la filière bois-énergie et pour que soient privilégiées les solutions présentant les meilleurs rendements tout en combattant les effets d'aubaine, comme ceux observés dans le photovoltaïque. Pour la production de biogaz et la méthanisation, ils recommandent l'instauration d'une économie circulaire de réutilisation des déchets plutôt qu'une "course à la production de cultures énergétiques" qui se feraient aux dépens des terres agricoles ou des espaces forestiers.

 

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