L'architecte Claude Parent est décédé ce samedi 27 février, au lendemain de ses 93 ans, a annoncé sa famille dimanche. Architecte à la personnalité atypique et en investigation permanente, il a marqué l'architecture contemporaine, notamment en théorisant "la fonction oblique" en architecture.
Quelques lignes sur la page Facebook officielle de l'architecte apprenait au monde entier cette triste nouvelle de la mort de l'architecte Claude Parent, ce samedi 27 février, "juste un jour après son 93ème anniversaire". Claude Parent, ce quasi inconnu du grand public, mais adulé chez nombre d'architectes, jeunes et moins jeunes, célèbres ou non, qu'il a marqués par son enseignement, sa pédagogie et sa théorie-phare : l'oblique, conceptualisée avec le philosophe Paul Virilio.
Une oblique qui marque une rupture avec le conventionnel rapport horizontal/vertical, qui permet d'appréhender les espaces de manière continue et donc de ne pas arrêter le regard... Et qui dynamise le corps dans l'espace : la fonction oblique "s'occupe du corps des gens" expliquait-il à l'occasion d'une grande rétrospective que lui a consacrée la Cité de l'architecture en 2010. Ses recherches sur la fonction oblique, et plus globalement sur l'espace et ses fonctions en tant que tels, restent des sources inépuisables de travaux.
De maisons penchées en centres commerciaux, en passant par des églises ou encore des centrales nucléaires, son œuvre est parsemée de ruptures et de rebondissements, du fait de sa quête perpétuelle d'un nouveau langage architectural. Ses oeuvres construites sont autant d'expérimentations et de manifestes, voire de provocations. Après la rétrospective de la Cité de l'architecture, c'est la Biennale de Venise qui lui rend hommage en 2014,et c'est enfin avec l'un de ses plus illustres élèves, Jean Nouvel, qu'il faisait encore l'actualité il y a quelques semaines, à l'occasion d'une exposition qui devait fermer ses portes ce 28 février et se prolongera finalement encore quelques jours, sur des projets de musées imaginaires à la Galerie Azzedine Alaïa.
"Claude Parent, on penche à toi"
La ministre de la Culture, Audrey Azoulay, a salué en Claude Parent "un homme libre et audacieux", qui a "provoqué le débat, la controverse parfois, l'intérêt toujours". "Remarquable pédagogue, homme de passion rayonnant, il a formé et inspiré quelques-uns des plus grands architectes d'aujourd'hui", souligne-t-elle dans un communiqué dimanche. "Claude Parent est l'architecte qui, dès les années 60, a donné une autre vision de l'architecture française, vision orientée vers le futur et vers l'art, dans une direction diamétralement opposée à celle de Le Corbusier", a souligné Jean Nouvel dans un communiqué relayé par l'AFP. "Immense dessinateur, a-t-il rappelé, en véritable Piranèse de ce siècle, il nous laisse des centaines d'images poétiques et utopiques".
Depuis l'annonce de son décès, plusieurs réactions émues et touchées du monde de l'architecture et de la culture ont fleuri sur les réseaux sociaux et une phrase, en forme d'hommage ultime : "Claude Parent, on penche à toi."
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Dans la situation française d'aujourd'hui où l'architecture et les architectes sont de moins en moins respectés, c'est l'homme qui va nous manquer, c'est son humanité, son élégance, son humour toujours au service de la conscience et de la résistance. Mais c'est aussi parce que ce vide est immense et trop cruel que l'inoubliable esprit de Claude sera l'âme de nos futures joutes sur l'avenir de l'architecture."
Réaction du Centre Pompidou : "(...)Défenseur d'une architecture expérimentale qui se situe 'sur le chemin lent et contradictoire de la création', Claude Parent n'eut de cesse de faire valoir sa liberté de création et de parole, revendiquant le droit d'être en insurrection permanente", précise un communiqué. "La notion novatrice de 'fonction oblique' chère à Claude Parent a remis en question la fondation de l'architecture pour promouvoir une mobilité des hommes au sein d'un territoire ou d'un espace en transformation. En 1972, lors du concours pour la création du Centre Pompidou, l'architecte avait proposé pour le coeur de Paris un tumulus creux couvert d'une forêt : ce projet affirmait alors sa liberté de création ; aujourd'hui il témoigne de son talent visionnaire", rappelle Serge Lasvignes, président du Centre Pompidou.
"Le Musée national d'art moderne a récemment rendu hommage à Claude Parent en lui consacrant une salle. Son oeuvre, ses recherches inlassables en font un des grands protagonistes de la réflexion sur l'architecture contemporaine et ses enjeux urbanistiques", indique de son côté Bernard Blistène, directeur du musée national d'art moderne.