COPROPRIÉTÉS DÉGRADÉES. Presque un an après le lancement du plan Initiative Copropriétés par le ministre du Logement Julien Denormandie, l'heure était au bilan pour les 14 sites en priorité nationale à l'occasion d'un premier comité technique de suivi sous l'égide de l'Agence nationale de l'habitat (Anah).

Le 10 octobre prochain marquera la première année de déploiement du plan Initiatives Copropriétés. Au cours d'un premier comité technique de suivi orchestré par l'Anah, les opérateurs des 14 sites prioritaires se sont succédé pour dresser un premier point d'étape quant à l'application du dispositif national à l'échelle de leurs copropriétés dégradées. Qu'en est-il de la ville que Julien Denormandie avait choisi pour annoncer le lancement du plan, Marseille ?

 

"Il faut savoir faire preuve d'opiniâtreté", a introduit Jean-Philippe D'Issernio, à la tête de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) des Bouches-du-Rhône. "La dernière fois que l'on a vu un élu dans une copropriété dégradée, c'était pour une visite ministérielle", a-t-il déploré, pointant "la faiblesse du portage politique" sur la question du redressement des sites ciblés par le plan Initiative Copropriétés.

 

Sur un total de 14 copropriétés dans le radar de l'Etat, 5 sont basées dans la cité phocéenne : les parcs Kalliste, Corot, Bellevue ou encore Bel-Horizon, au nord de Marseille et le quartier Maison Blanche, en proie à un récent incendie. Pour l'heure, le dossier marseillais implique un large panel d'acteurs, des collectivités territoriales au bailleur Marseille Habitat, en passant par les opérateurs institutionnels que sont l'Anah, l'Anru, l'Etablissement public foncier pour la région Paca et CDC Habitat social.

 

2,2 millions d'euros de travaux d'urgence à Bellevue et Corot

 

Cette dernière doit notamment piloter le portage de 250 lots dans 7 copropriétés, avec un investissement de 18 millions d'euros qu'elle partage avec l'Agence nationale de l'habitat. Pour les bâtiments les plus dégradés notamment à Bellevue et au Parc Corot, des travaux d'urgence d'un montant de 2,2 millions d'euros doivent être assurés par la société d'accession sociale à la propriété de Provence et Midi méditerranée.

 

Au parc Kalliste, visité en avril dernier par le Premier ministre Edouard Philippe, "nous sommes partis sur le constat que les grands immeubles n'étaient pas récupérables", souligne Nicolas Binet, directeur du groupement d'intérêt public "Marseille rénovation urbaine" (Gip MRU). En août dernier, la tour B a été démolie, et les voisines H, G et E devraient suivre. La politique urbaine s'oriente désormais sur une "politique de dé-densification". A terme, le nombre d'habitations devrait passer de 752 à 583.

 

Dans les tours du Parc Corot, l'avancée n'est pas encore aussi nette. Pour Nicolas Binet, le plan Initiative Copropriétés a permis "des interventions rapides pour mettre les habitants en sécurité". La tour A, avait été évacuée peu après l'effondrement des immeubles de la rue d'Aubagne, et la tour C devrait connaître le même sort. Pour l'heure, toujours pas de concession ni d'aménagement, "nous sommes encore en phase d'expertise judiciaire pour l'acquisition de 3 lots", informe le directeur du Gip MRU. Comme à Kalliste, "il faudra remettre à flot les petits immeubles de trois à quatre étages en priorité", prévient-il.

 

La problématique des immeubles de grande hauteur

 

Parmi les 5 sites ciblés par le plan Initiative Copropriétés à Marseille, Bellevue et Bel Horizon présentent la caractéristique d'avoir des immeubles de grande hauteur, et tout ce qu'ils impliquent en matière de sécurité incendie et de charges pour les locataires et propriétaires occupants. Dans le premier quartier, le bâtiment B doit être écrêté de 2 étages et acquis par un bailleur social. Un plan de sauvegarde est prévu pour les cinq autres immeubles "et devrait être adopté d'ici la fin de l'année ou le premier trimestre prochain", indique Guillaume Frézals, chef de service à la métropole Aix-Marseille en charge de l'aménagement et de l'habitat pour la zone nord de la cité phocéenne.

 

A Bel Horizon où les deux copropriétés se situent en immeuble de grande hauteur, les taux d'endettement entre 1 an et 5 ans en moyenne. Des travaux d'urgence, notamment pour la mise aux normes de sécurité incendie sont nécessaires, mais la détection d'amiante alourdirait la facture et l'endettement des copropriétés. "Un travail spécifique a été fait par le Conseil supérieur technique du bâtiment, qui a chiffré ces travaux à 800.000 euros", rappelle Jean-Philippe D'Issernio. L'année 2020 devrait néanmoins acter ces travaux d'urgence, et l'arrivée d'un administrateur provisoire.

 

Le quartier Maison Blanche dont le bâtiment G a subi un incendie sur plusieurs étages figure lui aussi dans la liste prioritaire fixée par le gouvernement en 2018. En mai dernier, soit 3 mois avant l'incendie, l'EPF Paca signait avec les collectivités une convention d'intervention foncière. Elle a réalisé une première acquisition et envisage de préempter 6 lots. 51 autres lots font actuellement l'objet de discussions à l'amiable.

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