Sur les huit premiers mois de l'année, les loyers privés n'augmentent que dans un tiers des grandes villes. Dans la plupart des départements, les prix baissent légèrement ou augmentent au même rythme que l'inflation. Des variations qui reflètent un marché déprimé, une demande réduite et une dégradation de l'état des biens.

Finie la flambée des loyers, aujourd'hui les prix augmentent à peine autant que l'inflation. C'est l'une des conclusions de l'étude de l'observatoire indépendant Clameur, dont sont partenaires de nombreux professionnels de l'immobilier. Sur 155.000 baux privés signés entre les 1er janvier et 31 août 2014 (soit 17,4% du marché), les loyers sont en très légère hausse : +0,7%, soit la hausse des prix de la consommation sur la même période.

 

Et dans plus d'un tiers des villes de plus de 10.000 habitants, les loyers subissent même une baisse, plus ou moins forte : -0,8% à Dijon, -1,7% à Rouen, -2,3% à Béziers, -4,7% à Saint-Etienne, -5,4% à Beauvais, etc. "C'est la plus forte proportion depuis 2009, année où les prix avaient stagné" précise Michel Mouillart, professeur d'économie à l'université Paris-Ouest et auteur de l'étude.

 

La surprise vient du recul des loyers des petites surfaces. En effet, les studios et une-pièce (qui représentent 22,6% du marché) voient leur loyer moyen baisser de 0,6% depuis le début 2014, alors qu'il connaissait déjà une baisse de 0,5% à la même époque l'année précédente.

La mobilité limitée déprime le marché

Si les locataires peuvent se réjouir, les propriétaires et les professionnels font grise mine. Les hausses parfois exagérées des prix constatées dans les années 2000 ne sont qu'un souvenir, et le marché reste définitivement morose.

 

Preuve en est, selon Clameur : "une mobilité qui frise la catastrophe" (25,9% sur l'ensemble du territoire, 14,8% à Marseille, 11,3% à Paris). En clair, les Français ne déménagent plus, ce qui réduit la demande et bloque le marché locatif privé. "En cause, la situation économique qui se détériore et la baisse du pouvoir d'achat", analyse Michel Mouillart.

 

Faute de travaux, le parc immobilier se détériore

 

Or, c'est souvent entre deux locataires que les propriétaires font réaliser des travaux de rénovation. Donc, la baisse de la mobilité impacte directement l'état du parc immobilier privé. Depuis janvier 2014, l'effort d'amélioration et d'entretien (c'est-à-dire la part de logements reloués ayant bénéficié de travaux) s'élève à 18,7%, contre 26,2% sur la même période en 2013.

 

"Étant données la baisse des loyers et la conjoncture, il est de plus en plus difficile de convaincre les propriétaires de faire réaliser des travaux", déplore Michel Mouillart. D'autant que l'amélioration d'un bien ne garantit plus une augmentation du loyer en conséquence. A l'heure de la remise en question de la loi Alur, et notamment de l'encadrement des loyers, ces chiffres devraient peser dans le débat.

 

Loyers qui augmentent ou qui baissent ? En pages suivantes, découvrez le top des villes de plus de 146.000 habitants.

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Top des villes dont les loyers baissent

1 - Saint-Étienne : 7,6 €/m² (-4,7%)
2 - Dijon : 11 €/m² (-0,8%)
3 - Montpellier : 13,6 €/m² (-0,4%)
4 - Reims : 10,8 €/m² (-0,3%)

Top des villes dont les loyers augmentent moins que l'inflation

1 - Marseille : 12,5 €/m² (+0,6%)
2 - Bordeaux : 12,6 €/m² (+0,5%)
3 - Paris : 24,7 €/m² (+0,4%)
4 - Strasbourg : 12,5 €/m² (+0,4%)
5 - Rennes : 11,9 €/m² (+0,2%)
6 - Toulon : 11,1 €/m² (+0,2%)
7 - Nantes : 11,8 €/m² (+0,1%)
8 - Grenoble : 12,1 €/m² (+0,1%)
9 - Toulouse : 11,7 €/m² (+0%)

 

Top des villes dont les loyers augmentent plus que l'inflation

1 - Angers : 10,4 €/m² (+3%)
2 - Lille : 13,4 €/m² (+2,6%)
3 - Le Havre : 11,3 €/m² (+1,9%)
4 - Villeurbanne : 12,5 €/m² (+1,6%)
5 - Le Mans : 8,6 €/m² (+0,9%)
6 - Lyon : 13 €/m² (+0,8%)
7 - Nice : 15,2 €/m² (+0,8%)