MESURES. Les quelque 10.000 architectes exerçant en Ile-de-France, mais surtout les 4.000 sociétés d'architecture que compte la région, sont les structures les plus sensibles aux chocs que connaît le secteur, selon l'Ordre régional des architectes, qui émet des propositions pour parer à l'urgence.

Le monde de la construction traverse aujourd'hui une "crise sans précédent". C'est le constat que fait, début septembre, le Conseil régional de l'Ordre des architectes d'Île-de-France (Croaif), présidé par Fabien Gantois, qui alerte sur la fragilité des quelque 4.000 sociétés d'architectures franciliennes, "maillon le plus fragile" de la chaîne de production du Bâtiment.

 

En cause, bien sûr, la tension sur le secteur par le biais de la hausse des prix des matières premières, qui est "répercutée directement ou indirectement sur l'ensemble des acteurs". Ces problématiques se présentent avec effet immédiat sur tous les chantiers et "pèsent sur la trésorerie des structures". Or ce sont, selon le Croaif, les agences d'architecture qui sont "les structures les plus sensibles, de par leur taille, aux chocs économiques affectant le domaine de la construction".

 

 

Des effets déjà visibles sur les projets

 

L'Ordre régional alerte les pouvoirs publics sur "les conséquences que la situation actuelle produit déjà sur la stabilité des agences d'architecture", et sur les effets, déjà visibles, sur les chantiers. Ainsi, le Croaif constate "des reprises et adaptations conséquentes sont menées en urgence, alors même qu'elles ne sont pas liées à l'économie initiale mais bien à la situation exceptionnelle que nous connaissons". Ce travail non prévu sur le plan contractuel, effectué trop rapidement, "nuit à la cohérence et à la qualité des projets".

 

De même, il constate une "dégradation de la relation de confiance" entre la maîtrise d'ouvrage et la maîtrise d'œuvre du fait des difficultés à tenir les budgets prévisionnels. Enfin, les objectifs environnementaux sont "souvent revus à la baisse, alors même que le plan France relance rénovation énergétique essaie de trouver une réalité".

 

 

Six propositions pour rétablir confiance et stabilité

 

Pour parer à cette crise "qui met en péril les projets, l'économie du BTP, les architectes et l'architecture", le Conseil régional de l'Ordre des architectes d'Île-de-France émet plusieurs propositions. Parmi celles-ci figure l'appel à réaliser "un effort collectif de réduction des délais" (validation, consultation des entreprises, attribution des marchés, validation des devis), qui devrait permettre de "limiter l'impact de l'évolution des prix sur la réalisation". Il demande également la suspension des taux de tolérance et des pénalités qui y sont liées, afin de "pallier l'imprévisibilité entourant l'évolution actuelle des prix".

 

Le Croaif demande également la prise en charge, par les maîtres d'ouvrage, des surprimes d'assurance liées à l'augmentation des coûts. Mais aussi "d'ouvrir le dialogue entre les parties prenantes concernant le paiement des reprises d'études et les délais de chantier supplémentaires, en fonction de l'ampleur des modifications à effectuer et du travail de reprise nécessaire". L'application, sur les contrats en cours, des nouvelles dispositions prévues dans les cahiers des clauses administratives générales des marchés publics liées à l'imprévisibilité et au rallongement des délais de travaux, figure également parmi les propositions.

 

Enfin, il suggère de renforcer les filières de réemploi, de matériaux bio et géosourcés, notamment par la création d'une banque régionale de matériaux, pour "mobiliser les différents acteurs autour de la réflexion sur les ressources matérielles disponibles" localement.

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