ENTRETIEN. En 2010, Pascal Dessuet, aujourd'hui directeur délégué construction et immobilier chez Aon, alertait sur les risques liés au développement de l'activité de certains assureurs en libre prestation de services (LPS) dans le secteur de la construction. Alors qu'Elite insurance se dirige vers une probable liquidation, il revient pour Batiactu sur ces dix années durant lesquelles l'insolvabilité du système est progressivement apparue au grand jour.


Cela fait dix ans que Pascal Dessuet, à l'époque président de la commission assurance de la Fédération des promoteurs constructeurs, a appelé les acteurs du secteur à la prudence face à l'ouverture du marché européen de l'assurance construction. Le régime de la libre prestation de services (LPS), alors en développement, permet en effet à n'importe quel assureur d'intervenir en France, du moment que son siège est situé dans l'un des pays de l'espace économique européen. Aujourd'hui, alors que les 60.000 contrats français d'Elite insurance, basé à Gibraltar, viennent d'être résiliés, Pascal Dessuet, à présent directeur délégué construction et immobilier chez le spécialiste des assurances Aon, revient pour Batiactu sur ces dix années passées, qui ont vu progressivement le système imploser.

 

Batiactu : Il y a dix ans, vous alertiez dans la presse sur les risques liés au développement de l'activité de certains assureurs construction, intervenant en libre prestation de services (LPS) depuis d'autres pays de l'espace économique européen. Aujourd'hui, la plupart de ces acteurs sont en voie de liquidation, laissant des milliers d'assurés sur le carreau. Vous aviez vu juste. Quel bilan tirez-vous de ces dix ans ?

 

Pascal Dessuet : Lorsque j'ai alerté sur les risques liés au développement de la LPS, je n'étais pas en situation de connaître l'état financier de ces sociétés, leur niveau de capitalisation. Nous l'avons découvert au fil du temps. Mais trois éléments avaient éveillé ma prudence. Ces entités, à l'époque, n'avaient aucune ancienneté, ni aucune notoriété. Et, ce que n'importe qui peut vérifier, aucune notation financière. Les courtiers, à l'époque, avaient donc le choix entre proposer les produits de dizaines d'assureurs traditionnels ayant pignon sur rue, ou ceux de ces sociétés en LPS mal connues ; dans beaucoup de cas, ils ont malheureusement choisi cette seconde solution. Bien sûr, on nous répond que ces assureurs étaient en règle, avaient le droit d'intervenir en France. C'est parfaitement vrai. Mais paie-t-on des commissions à un courtier uniquement pour cela ? Si c'était le cas, n'importe qui pourrait être courtier...
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