Après les courtiers en Bourse et les courtiers en assurance, voici venus les courtiers en prêt immobilier, un métier peu connu mais en plein essor, en raison de la flambée des prix de la pierre et de la concurrence acharnée que se livrent les établissements de crédit.

Le principe est simple: le courtier se charge de monter votre dossier et de négocier les meilleures conditions auprès des banques: taux de crédit, mais aussi montant de l'assurance ou pénalités de remboursement anticipé...

Certains courtiers se sont fait connaître par Internet, comme Meilleurtaux.com créé en 1999 et qui a ouvert depuis une quarantaine d'agences «physiques». D'autres avaient d'emblée «pignons sur rue», comme Cafpi ou ACE, et ont ensuite créé leur site web vers 2000.

D'après Philippe Taboret, directeur de la communication de Cafpi, qui se présente comme le numéro un du courtage en France, 15% à 18% des transactions se font via un courtier contre 7 ou 8% vers l'an 2000.

A cause des prix qui flambent, les acheteurs sont de plus en plus au fait des variations de taux de crédit et donc de plus en plus enclins à faire jouer la concurrence, explique Philippe Taboret. Et il y a encore de la marge: Meilleurtaux estime que «la part de marché du courtage devrait être multipliée par deux (...) pour atteindre 30% des crédits immobiliers en 2009».

Le modèle: les Etats-Unis, où près de 70% des transactions se font via un courtier, selon l'Association américaine des courtiers en prêt immobilier. En France, le métier est en phase de «conquête» et en voie de concentration, se réjouit Philippe Taboret, qui évalue le nombre de courtiers à environ 1.600.

Faire des économies, gagner du temps, sans payer plus cher: le choix d'Alexandre Belot, un Parisien de 30 ans, a été vite fait lorsqu'il a voulu acheter un appartement à crédit. Agent immobilier, le jeune homme connaissait déjà le métier de courtier et s'est adressé à celui qu'il recommandait à ses propres clients.

Par exemple, «en entrant dans une banque seul, M. X va avoir un taux (de crédit) à 4,5% mais à 4,2% en passant par un courtier», explique-t-il. Pour 100.000 euros empruntés sur quinze ans, cette différence de trois dixièmes de point fera passer les mensualités de 777 à 762 euros, soit 15 euros d'écart.

Les courtiers font aussi valoir que recourir à leurs services ne coûte pas plus cher que d'aller directement à la banque. C'est en effet cette dernière qui rémunère le courtier, à hauteur d'1% du montant du prêt. L'emprunteur règle à son courtier des frais de dossier, équivalents à ceux qu'il aurait payés à sa banque, compris entre 750 et 1.500 euros généralement. «On coûte cher aux banquiers», concède Philippe Taboret, de Cafpi, mais ils «achètent un client ?ficelé?».

Pour souscrire un crédit dans une banque, il faut y faire domicilier son compte courant. Une contrainte qui peut effrayer l'acheteur potentiel: «Le particulier français a une banque et lui est fidèle», reconnaît Christophe Crémer, président de Meilleurtaux.

Autre source d'inquiétude possible: l'absence totale de régulation de la profession. L'association de défense des consommateurs CLCV recommande d'ailleurs la prudence tout en se réjouissant du principe. «Tous les moyens de comparaison sont bons», affirme ainsi Reine-Claude Mader, présidente de la CLCV, mais «on peut se poser la question de la liberté des courtiers par rapport aux établissements qu'ils recommandent», tempère-t-elle.





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