CONJONCTURE. En 2018, le secteur de la construction de maisons a connu un début de récession, sensiblement impacté par le "rabotage" du prêt à taux zéro (PTZ) et la disparition prochaine de l'APL accession. Persuadée que la tendance baissière se poursuivra, LCA-FFB estime que les professionnels pourront encore souffler en 2019, avant un chambardement en 2020.

A regarder l'évolution de la courbe des ventes de maisons, corrélées aux politiques d'aide à l'accession, il fait peu de doute quant à la sensibilité du secteur de la construction aux dispositifs d'accession à la propriété.

 

Alors que les volumes de vente confirmaient leur bonne lancée entamée en 2015, l'année 2018 a acté un nouvel infléchissement vers le bas, avec une baisse de 11,3% des ventes de maisons individuelles en secteur diffus. Pour les dirigeants de LCA-FFB, le coupable est vite trouvé.

 

Lors de la présentation du bilan annuel des constructeurs de maisons, le président Patrick Vandromme a surtout déploré "le rabotage de la quotité du PTZ, et la fin de l'APL accession qui a affecté toutes les zones". Alors que le secteur avait trouvé sa "vitesse de croisière" en 2017, les premières annonces gouvernementales en matière de politique du logement ont rapidement montré leur impact dès l'année suivante.

 

En 2018, ce sont près de 15.000 ventes qui n'ont pas été signées, "et 45.000 emplois non pourvus", complète Patrick Vandromme. Une récession qui aurait commencé dès novembre 2017 et qui poursuit sa lancée, au point que l'année 2018 est considérée par LCA-FFB comme "l'un des plus mauvais exercices des 15 dernières années pour l'individuel diffus", en baisse de 11,3%.

 

Pérennisation du PTZ en zone B2 et C

 

Ce mauvais constat serait encore sous-estimé, selon le président de la LCA-FFB qui rappelle que les statistiques n'englobent que les données relatives aux acteurs ayant recours à un contrat de construction et qui ne sont donc "pas dans le circuit". "D'après les échos que j'ai pu obtenir de certains bureaux d'études, ils constatent déjà un recul de 15% de leurs études", a-t-il indiqué.

 

Également présents autour de leur président, Dominique Duperret, délégué général et Christophe Boucaux, délégué général adjoint (qui succèdera à M.Duperret au mois de mars) ont appelé de leurs vœux, à un retour de l'APL Accession et à la pérennisation du PTZ en zones B2 et C qui pourrait prendre fin au 31 décembre 2019 et ne plus bénéficier à près de 34.000 communes.

 

"Depuis 12 ans, le marché de l'habitat individuel a une extrême sensibilité au PTZ", a affirmé Dominique Duperret pour qui le dispositif représente moins "un effet d'aubaine", qu'un "levier essentiel" pour les ménages modestes en territoires périurbains et ruraux.

 

Chiffres à l'appui, LCA-FFB a voulu déconstruire l'argument du déficit public qui justifierait une disparition du PTZ. Selon les calculs de la fédération, l'économie faîte sur la suppression du PTZ en zones B2 et C et de l'APL accession s'élèverait à 750 millions d'euros mais ferait perdre 803 millions d'euros de TVA à l'Etat, quant aux 28.000 opérations neuves perdues au cours de l'année 2018.

 

"Si les pouvoirs publics persistent dans leurs choix, ils auront à assumer la fin du parcours résidentiel des ménages les plus modestes et une assignation à résidence locative", a prévenu Patrick Vandromme qui s'est montré perplexe quand aux perspectives d'avenir pour le secteur. "2019, on saura gérer, l'inquiétude est pour 2020. S'il ne se passe rien, nous pourrions connaître des baisses de ventes de -20%".

 

 

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