FÉMINISATION. Malgré une évolution constante au cours des deux dernières décennies, la parité est encore loin d'être gagnée dans le secteur de la construction. Quand les femmes y sont présentes, elles sont souvent associées à des activités connexes de secrétariat ou assument la fonction de cadre. Mais en matière de création d'entreprises, celles-ci ont parfois de l'avance sur la gente masculine.
"En 2018, près de 39% des entreprises individuelles ont été créées par des femmes", titre une étude de l'Insee publiée ce jeudi. Lorsque ces chefs d'entreprises sont indépendantes, elles parviennent à mieux pérenniser leur activité. Et pour cause : 26% des auto-entrepreneuses immatriculées en 2010 "sont encore actives 5 ans après, contre 22% des auto-entrepreneurs", indique l'Institut national des statistiques.
Malgré une évolution de la présence des femmes à la tête d'entreprises, le choix des secteurs d'activité révèle encore d'importantes disparités. Largement majoritaires dans les milieux de la santé, de l'action sociale (75%) ou des services aux ménages (70%), les femmes sont en parfaite parité dans le milieu de l'enseignement, mais encore très minoritaires dans les secteurs des transports (6%) et de la construction (2%)
Le secteur de la construction reste donc celui qui se féminise le moins, ou à un pas plus lent que d'autres activités. Un constat qui se confirme dans 5 régions que l'Insee a analysé, que sont le Centre Val-de-Loire, la Corse, ou encore les régions Grand Est, Nouvelle Aquitaine et Pays de la Loire.
Davantage de jeunes cadres féminins
Dans le Centre Val-de-Loire, et de manière globale, "les jeunes femmes font plus fréquemment des études longues que les hommes". Dans les secteurs "peu féminisés" comme les transports ou la construction, elles parviennent toutefois à tirer leur épingle du jeu. Si seulement 3% des chefs d'entreprise dans la construction sont des femmes (503), "elles sont plus nombreuses que les hommes à occuper des postes de cadres avant 30 ans".
C'est dans ce même secteur, en Centre-Val-de-Loire que les cheffes d'entreprises sont à la tête d'entreprises "de plus forte taille que les hommes", même si elles ne sont qu'une moitié à tenir seule le gouvernail. Avec des écarts de salaires moins importants entre hommes et femmes quant aux fonctions de cadre ou de dirigeant, "le Centre-Val-de-Loire est avec la Bretagne et la Corse une des rares régions où la féminisation des chefs d'entreprise s'améliore", indique l'Insee. La région centraise affiche un taux de féminisation de +0,2% quand il est de -0,3% à l'échelle nationale.
Le statisticien national place également la Corse en tête des "régions les plus féminisées de France". Avec 6.900 cheffes d'entreprise sur son territoire, l'Île de Beauté ne compte cependant que 2,7% de patronnes dans la construction.
En Pays de la Loire, la voie libre pour créer une entreprise de construction
A l'échelle nationale, la féminisation de la construction s'explique moins par des postes d'ouvriers que d'activités satellites. Comme dans la région Grand Est où le secteur embauche près de 10,1% de femmes, dont 4,9% sont à l'origine d'une création d'entreprise. "Les femmes travaillant dans le secteur exercent généralement un métier connexe à la construction, dans le secrétariat ou la comptabilité", affirme l'Insee qui ajoute que la gente féminine représente "84% des employés du secteur mais 2% des ouvriers".
Pour autant, le champ semble assez dégagé pour les femmes souhaitant créer leur entreprise de construction, notamment dans les Pays de la Loire qui affichent pourtant un faible taux de féminisation. Dans cette région où 3 entreprises sur 10 sont créées par une femme, la gente féminine incarne pourtant "la moitié des actifs". Paradoxe ou signe d'une voie d'ouverture, "les créations d'entreprise sont deux fois plus nombreuses dans la construction, secteur peu féminisé, que dans la santé, fortement féminisé", décrit l'Insee.
Historiquement élevés, les coûts de la construction commencent leur décrue, selon l'Insee
A la veille de la Journée internationale des droits de la femme, la Fédération française du bâtiment assure que le secteur "se conjugue aussi au féminin". En 2018, les entreprises adhérentes de l'organisme ont compté 12,3% de femmes en leur sein. Depuis l'année 2000, la part des femmes dans le bâtiment a ainsi augmenté de 3,7 %. A noter que la présence des femmes s'accélère dans les fonctions de cadres (19,4%), même si elle reste majoritaire dans la catégorie des employés et techniciens (45,8%).