La déclaration d'utilité publique (DUP) concernant le projet de construction d'une ligne à très haute tension sur le site classé des gorges du Verdon a été annulée lundi par le Conseil d’Etat.

« Alors même que la ligne à très haute tension avait vocation à se substituer à deux lignes électriques traversant déjà ce site, les atteintes qui seraient portées à la région des gorges du Verdon par l'opération projetée sont telles qu'elles privent cette dernière d'utilité publique », a souligné le Conseil d’Etat dans un communiqué.

Ce projet de ligne EDF « ne passera pas par les gorges du Verdon », a précisé le Conseil d’Etat, qui était saisi par une vingtaine de requérants tels que des collectivités publiques, des associations de défense de l'environnement ou encore des particuliers. Ainsi après avoir évalué les avantages et les inconvénients du projet et avoir « de façon plus exceptionnelle, diligenté une visite des lieux », la plus haute juridiction administrative en a conclu que le bilan était « négatif ».
Le Conseil d’Etat a toutefois reconnu dans sa décision que la ligne projetée aurait permis de « sécuriser et de renforcer le transport de l'électricité dans la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur ».
Il a par ailleurs considéré que la région des gorges du Verdon, site classé, « présente un intérêt exceptionnel ». La charte du site, créé par un décret du 3 mars 1997, prévoit en effet un « encouragement à l'enfouissement des lignes électriques ». La juridiction a cependant annulé l'arrêté ministériel portant dérogation à l'obligation d'enfouir les lignes électriques dans les sites classés, estimant que pour qu'une telle dérogation soit accordée, il aurait fallu que l'enfouissement soit impossible, ou qu'il porte encore plus atteinte à la préservation du site qu'une ligne aérienne, ce qui n'était pas le cas.
Corinne Lepage, avocate du collectif d'opposants au projet, a souligné que « c'est une très belle décision, avec une motivation très fouillée, et une très belle victoire juridique ». Et d’ajouter : « Je suis contente également en tant que défenseur de l'environnement car c'est une très belle décision de principe. D'avoir une décision qui rappelle qu'il n'y a pas d'utilité publique quand il s'agit de détruire un site exceptionnel, c'est très important pour tous ceux qui défendent l'environnement en France ».
Rappelons que la ligne de 400.000 volts devait relier Boutre (Var) au Broc-Carros (Alpes-Maritimes) et traverser le site du Verdon en deux endroits. Elle devait ainsi se substituer à deux lignes aériennes parallèles, l'une de 225.000 volts, l'autre de 150.000 volts.

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