La question de la compétitivité énergétique et de son financement a réuni divers intervenants dont Juan Alario (Banque européenne d'investissements) et Chantal Jouanno (ancienne ministre de l'Environnement et sénatrice de Paris) lors d'une table ronde organisée par le cabinet Lefèvre Pelletier & associés et Premier Cercle. Compte-rendu.

Les énergies renouvelables restent une base fondamentale pour l'atteinte des objectifs climatiques et énergétiques qui ont été fixés au début de la décennie. Or, les investissements se font plus rares et plus difficiles dans une période de crise financière. Juan Alario, le directeur associé et chef de la division "Energies renouvelables & Efficacité énergétique" à la Banque européenne d'investissement (BEI), expose la situation : "Comme les autres énergies, les besoins de financements des EnR est très cyclique. Après 7 ans de boom, il y a eu un coup d'arrêt vers la fin de 2011. Il est lié aux coûts importants des technologies émergentes, notamment le photovoltaïque, et il plane maintenant une incertitude sur les investissements futurs".

 

Le coût des EnR en baisse
Pourtant, les besoins d'investissements à consentir seraient maintenant plus faibles : la demande énergétique ne croît que lentement - même si l'abandon du nucléaire dans certains pays peut impacter cette tendance - et les coûts des énergies renouvelables baissent. Un phénomène expliqué par Stéphane Villecroze (Demeter Partners) qui démontre que si le marché des EnR connaît une croissance exponentielle, il n'en demeure pas moins d'importantes surcapacités industrielles (le marché photovoltaïque mondial est de 27 GW alors que les industriels peuvent produire 50 GW et le marché éolien est de 41 GW alors que les capacités de production sont de 80 GW). La crise économique impacte la mise en œuvre de plans dans des pays d'Europe du sud notamment (Espagne, Italie, Grèce) et une plus grande priorité est donnée à l'efficacité énergétique. "Les économies d'énergie peuvent créer trois fois plus d'emplois que les énergies renouvelables", souligne même Chantal Jouanno (sénatrice UDI de Paris) dans son intervention.

 

Réduire les risques financiers
La compétitivité des renouvelables dépend aujourd'hui du coût d'investissement et de financement. Et certaines énergies seraient déjà compétitives, pourvu qu'elles disposent de ressources adéquates (photovoltaïque dans le sud de l'Europe, éolien terrestre, etc.). "L'important est de réduire le risque, afin de réduire ce coût de financement", explique Juan Alario, pour qui "(…) la vente directe sur le marché électrique en gros n'est pas une option valable". La régulation des EnR est aujourd'hui en révision dans la plupart des pays de l'Union, et des incertitudes planent dans certains pays comme la Pologne. Plusieurs états, comme la France, optent pour des appels d'offres publics pour les grands projets et des tarifs d'achats pour les petits. C'est pourquoi les projets sont en train d'évoluer : "On voit des projets plus petits, combinés à des mesures d'efficacité énergétique, et à l'opposé, des grands projets notamment offshore".

 

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