TECHNOLOGIES. A l'heure où les objets connectés prennent de plus en plus de place dans le quotidien des particuliers, les professionnels réfléchissent à intégrer ces nouveaux usages au sein des logements.

"L'humain au cœur de la technologie." Les objets connectés sont de plus en plus importants dans la vie des Français et également dans leur logement : caméra de surveillance, compteur Linky ou encore assistants personnels intelligents. La massification de ces nouvelles technologies pose des questions concernant l'évolution des logements face à ces nouveaux usages. Lors d'une table ronde, intitulée "Logements connectés, datas et Internet des objets (IOT) : les nouveaux défis", organisée lors des premières Assises du logement, le 15 novembre à Paris, quatre professionnels ont ciblé les principaux enjeux liés aux logements connectés et proposé des solutions à ces problématiques inhérentes.

 

Une application en guise de syndic

 

Pour François-Xavier Jeuland, président de la Fédération française de domotique, l'apport de l'internet des objets "change tout dans le logement. Les objets connectés dont devenus désirables pour les Français". Cependant, selon lui, il n'est pas possible de créer du "smart" à ce jour, notamment car les acteurs de la domotique ne sont pas intégrés "à la boucle des professionnels. Il faudrait créer de nouveaux métiers pour accompagner les acteurs des projets de logements". Il explique également qu'il sera nécessaire de répondre aux inquiétudes sur la cybersécurité et la collecte des données. "En 2011, l'Humanité a produit en une seule année autant de données que toutes celles produites avant 2003. En six ans, nous nous sommes mis à produire autant de données en une minute qu'en une journée", indique Alain Foucaran, professeur et directeur de l'Institut d'électronique et des systèmes (IES), unité mixte de recherche CNRS/Université de Montpellier, et participant au "HUman @ home projecT" (HUT).

 

 

"Les données font les services", déclare Alain Kergoat, associé et co-fondateur d'Urban Practice, société spécialisée dans le smart building. Il explique qu'il y a un écart entre les usages du logement connecté du point de vue des professionnels et de celui des particuliers. Alors que les acteurs du logement estiment que les habitants souhaitent réduire leur consommation énergétique grâce aux objets connectés, ces derniers souhaitent en fait renforcer la sécurité de leur logement. "Les promoteurs doivent, au minimum, proposer des logements pré-équipés afin d'être apte à aux éventuelles évolutions. Tout en assurant le support technique", précise Alain Kergoat. "L'économie doit être au service de l'humain", selon Alain Foucaran, qui défend l'importance des sciences humaines et sociales lors des réflexions concernant les nouveaux usages des logements.

 

Le numérique, "tête de gondole" des offres immobilières

 

Du côté des promoteurs immobiliers, Nexity, représenté par Yann Ludmann, directeur des technologies et des systèmes d'information, en charge du programme Start Home, a présenté les réponses envisagées par l'agence. Il explique que la domotique est "en tête de gondole" des offres immobilières de la société. Elle s'est associée à Somfy, afin de proposer un volet d'usages fiables au sein de ses logements, notamment des volets électriques, une régulation automatique de l'énergie, de l'éclairage et du chauffage, ainsi qu'une offre de sécurité. De plus, Yann Ludmann a exposé l'application Eugenie, "l'application mobile pour le logement connecté", déjà déployé dans des résidences pilotes. Outre les fonctionnalités du contrôle du domicile à distance, cet outil permet de déclarer des incidents dans les parties communes au syndic, d'être tenu au courant des actualités de la copropriété, d'être mis en relation avec ses voisins pour des services et peut également être un relais d'information de la mairie.

 

Toutefois, des incertitudes persistent. Pour Alain Foucaran, il y aura un aspect énergétique incontournable : "Tout va être électrique, dans tous les domaines de la vie quotidienne, omniprésence et hyper-dépendance à l'électricité. Sa production devra baisser son empreinte écologique." Il explique également que la question du stockage des données devra se poser : "Où placer le curseur entre l'intelligence artificielle et l'humain ? Les technologies sont indispensables pour le progrès humain, mais quelles limites nous leur fixons ?"

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