MARCHES PUBLICS. L'année 2019 a été excellente pour la commande publique. Selon les résultats du dernier baromètre ADCF/Banque des Territoires, elle a atteint 87,5 milliards d'euros, enregistrant une hausse de 11,6%. Elle reste tout de même très inférieure aux niveaux de 2012 et 2013.

La commande publique s'est particulièrement bien portée en 2019. C'est d'ailleurs, et de loin, sa meilleure année sur tout le cycle électoral. En effet, elle a représenté 87,5 milliards d'euros l'an passé, enregistrant une forte hausse de 11,6%. C'est ce que révèle les résultats du dernier baromètre de la commande publique, réalisé par l'ADCF et la Banque des Territoires. Créé en 2014, cet observatoire se penche sur tous les avis de marchés publiés et fournit une analyse par donneur d'ordre, par secteur d'activité, et par nature de travaux.

 

Petite particularité de l'édition 2019, par rapport à d'autres années préélectorales comme 2013, un redémarrage sur le quatrième trimestre a été constaté. Le volume de la commande publique sur les trois derniers mois de l'année a ainsi atteint 21,6 milliards d'euros. "Pas mal de travaux avaient été décalés, ce qui explique que nous n'ayons pas ce ralentissement", analyse Charles-Eric Lemaignen, premier vice-président de l'ADCF.

 

Une enveloppe consacrée aux bâtiments publics en nette augmentation

 

Le volume d'achats a progressé dans tous les secteurs d'activité l'an passé. Les croissances les plus marquées concernent les bâtiments publics (+20%, 22,8 milliards d'euros), l'environnement (+14%, à 9,6 milliards d'euros), le logement, ou encore la voirie.

 

La catégorie bâtiments publics reste, comme en 2018, à un niveau supérieur en volume à celui de 2012. Et il s'agit probablement d'une tendance durable, selon l'ADCF et la Banque des Territoires, poussée par les travaux de rénovation énergétique et de mise en accessibilité. A elles seules, les communes ont consacré 12,9 milliards d'euros à ce poste, le plus lourd pour elles.

 

Les travaux stagnent

 

Les marchés de travaux stagnent en 2019, à 27,8 milliards d'euros. C'est très loin de leur niveau 2012, lorsqu'ils représentaient un montant cumulé de 47,6 milliards d'euros. Les travaux de renouvellement et de rénovation se portent toujours mieux que le neuf.

 

La part du renouvellement gagne même du terrain, puisque ces marchés représentent, en 2019, 62% de la commande travaux totale, contre 53% en 2013. L'heure n'est donc plus aux grands projets neufs. Et alors que beaucoup de retard a été pris dans l'entretien du patrimoine existant, l'ADCF croit lire dans cette tendance une nouvelle priorité donnée à l'investissement. Tant pour la voirie et les ouvrages d'art, que sur les équipements sportifs, "dont beaucoup arrivent en fin de vie", ou les bâtiments scolaires.

 

Plus de services et d'ingénierie

 

A l'inverse des travaux, les marchés de services prennent toujours plus d'importance, passant de 28 milliards en 2018, à 32,5 milliards l'an dernier. "Une part de la bascule observée entre services et travaux s'explique sans doute par une externalisation de certains travaux", estime le premier vice-président de l'ADCF.

 

Les marchés d'ingénierie poursuivent leur progression. Pour 2019, ils atteignent 9,5 milliards d'euros. Ce qui peut être lié par un double phénomène, selon Charles-Eric Lemaignen : "les réalisations sont de plus en plus complexes, nécessitant une ingénierie plus lourde. Par ailleurs, les collectivités locales ont dû compenser la baisse de l'ingénierie gratuite de l'Etat, en faisant des prestations entre collectivités ou en ayant recours à des marchés privés".

 

Ce dynamisme peut laisser espérer une reprise rapide de l'investissement après le creux habituel généré par les élections municipales et intercommunales. A noter par ailleurs, ce baromètre s'appuie sur les avis de marchés, aussi les retombées pourraient se faire sentir pendant encore 12 à 18 mois. Si bien que l'ADCF s'attend à "un niveau correct" des dépenses d'investissement pour l'année 2020, avec des effets encore début 2021.

 


Les collectivités concentrent 60% de la commande publique

 

Les principaux acheteurs publics restent les collectivités locales. Elles concentrent en effet 60% de la commande publique totale. Soit 52,2 milliards d'euros en 2019, un niveau presque comparable à celui de 2012 (53 milliards d'euros). Les communes à elles seules pilotent près de la moitié de la commande publique locale (24,4 milliards).

 

Sur le podium des principaux acheteurs, on retrouve l'Etat (15% de la commande publique, soit 12,7 milliards d'euros) et les bailleurs sociaux (11%, 9,6 milliards d'euros). Pour ces derniers, 2019 est une année stable après plusieurs exercices marqués par une baisse de la commande publique.

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