Le salon Intermat en est la preuve : la Chine s'éveille et elle débarque en force en Europe. Le nombre d'exposants et les surfaces dévolues aux industriels de l'Empire du milieu ne cessent de croître. A coup d'acquisitions, ils tentent de prendre pied dans le Vieux continent. Mais les industriels occidentaux ne sont pas encore préoccupés sur un marché qui reste très mature et habitué à certains standards de qualité.

La bannière chinoise flotte-t-elle sur Intermat 2012 ? L'impressionnant stand Sany de plus de 1.000 m² semble l'indiquer. Et l'offensive asiatique, débutée voilà quelques années, serait en train de s'intensifier. Pour preuve, les récents rachats ou rapprochements de l'industriel chinois en Europe, notamment avec le fabricant de pompes à béton allemand Putzmeister ou avec le spécialiste des grues autrichien Palfinger.

 

Dans les allées du salon, les exposants provenant de l'Empire du milieu sont fortement représentés : pour cette édition, deux «pavillons» (des rassemblements de stands) nationaux ont été réservés à la Chine dans le hall 5A, et plus de 130 sociétés ont fait le déplacement, soit 9 % de l'ensemble des sociétés représentées. La délégation de ce pays est d'ailleurs passée au 3e rang derrière les Français (31 % des exposants) et les Italiens (16 %), mais devant les Allemands (7 %), Japonais (7 %), Anglais (6 %) et autres Sud-coréens (4 %).

 

Il faut dire que le marché national chinois est en plein boom, les productions locales peinant à satisfaire les besoins en termes de matériels de construction. En 2015, la Chine pourrait représenter près de la moitié de la demande mondiale (49 %), loin devant les Etats-Unis (15 %) et l'Europe (11 %), selon le cabinet Off-Highway research. Afin de soutenir sa politique de grands travaux, de création d'infrastructures et de bâtiments, Pékin se voit donc dans l'obligation d'importer massivement des produits spécifiques du monde entier. Pour la seule année 2011, le pays a dépensé près de 1,9 Mrd € de produits issus de la filière mécanique française. Mais la Chine est bien décidé à inverser la tendance.

 

INTERMAT 2012 visiteurs chinois
INTERMAT 2012 visiteurs chinois © G. Noble
Une production pas encore aux standards européens
On remarque d'ailleurs sur les stands des principaux industriels occidentaux de nombreux visiteurs très assidus et très curieux qui mitraillent de photos les dessous des machines et matériels exposés. Chez Caterpillar, on ne s'en émeut pas : « Les industriels chinois, pour l'instant, ne sont aucunement en concurrence avec nous », explique Henri-Nicolas Bayle (Bergerat-Monnoyeur). «Leur production ne correspond pas aux standards européens en termes de qualité ou de normes antipollution. Ils ont un retard technologique à combler. Les autres pays asiatiques eux, sont des concurrents honorables. Les industriels japonais sont connus pour la qualité de leurs produits. Quant aux Sud-coréens, ils ont une approche différente, avec des prix inférieurs. Les entreprises chinoises ne sont présentes en France que de façon anecdotique». Même son de cloche au Cisma (syndicat des équipements pour construction, infrastructures, sidérurgie et manutention) : Rudolph Ganzel, le secrétaire général adjoint du pôle économique, explique : «Les entreprises chinoises manquent d'une présence sur le territoire, d'un réseau de distribution structuré, d'équipes aguerries. C'est pourquoi ils procèdent par rachats, la solution la plus simple. Mais les normes européennes continuent d'évoluer et sont toujours plus drastiques, ce qui empêche l'importation pure et simple de produits 'Made in China'».

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