Pour de nombreux spécialistes, les centres commerciaux doivent considérablement évoluer pour répondre aux nouvelles aspirations de la clientèle. Adieu la "boîte fermée", et place à de véritables parc de loisirs.

"Vos centres commerciaux, c'est fini: vous faites tous les mêmes boîtes, avec les mêmes enseignes, les mêmes restaurants, les mêmes cinémas. Vos prétendus espaces gaieté sont à pleurer". C'est devant le Congrès national des centres commerciaux, tenu en juin dernier à Paris, que l'expert François Bellanger avait lancé cette attaque au vitriol contre les centres commerciaux français.

"Pourquoi irais-je dans un endroit qui ne me fait pas gagner du temps et ne m'offre pas du " temps plaisir " ?", avait-il asséné à des professionnels interloqués. "Vos centres n'ont aucune originalité, ni dans le positionnement commercial, ni dans l'architecture", avait-il insisté, critiquant la pauvreté de galeries marchandes il est vrai souvent construites à l'économie il y a 30 ans.

Pour François Bellanger, l'avenir est dans le développement du loisir. Et de citer le redémarrage des centre-villes, préférés aux hypermarchés "trop grands, trop loin", ou surtout les étonnantes initiatives mêlant commerce et loisirs qui ont fleuri au Japon, aux Etats-Unis et en Europe.

"Pour continuer à être désirables, les centres commerciaux doivent créer des parcs de loisirs, répondre à la demande de nature, créer des espaces ouverts, ou encore tabler sur la demande de sport", selon cet expert.

Ainsi, au nord de Londres, une gigantesque piste de ski artificielle (Milton Kings) a été bâtie comme locomotive d'un complexe commercial. Bluewater, à Londres, ouvert en 1999, regroupe 300 magasins mais aussi un million d'arbres et 6 lacs artificiels: le divertissement y occupe le tiers de la surface. A Lisbonne, le centre Vasco de Gama parie sur une architecture inspirée de la marine et abrite un musée océanographique.

En France, Val d'Europe, près de Disneyland, ou Carré Sénart, qui ouvre ses portes mardi en Seine-et-Marne, participent du même souci et abritent eux aussi plusieurs équipement de loisirs, quoique bien plus modestes que leurs homologues londoniens.

A Tokyo et Las Vegas, des centres commerciaux sont décorés de faux ciels, jusqu'à faire tomber la nuit régulièrement. En France, près d'Avignon, le centre commercial Mistral 7 a été aménagé en faux village provençal. Aux Etats-Unis ou au Japon, on trouve des centres commerciaux gravitant autour d'une fête foraine, d'un faux glacier, d'un énorme parc aquatique avec végétation tropicale. On trouve même des faux villages, avec logements et habitants!

La France saura s'adapter, estime Philippe L'Helgoualc'h, directeur général de la filiale Loisirs de la Ségécé, premier gestionnaire européen de centres commerciaux.

"Nous sommes en retard en France sur le développement des loisirs dans les centres, car notre progression pendant 30 ans correspondait à un besoin d'achat efficace, à bon prix, en occupant le territoire ", a-t-il déclaré à l'AFP.

"Le parc a vieilli mais nous le rénovons. Tous les gros projets en gestation depuis 5 ans sont empreints de la composante loisirs, car nous savons que les centres commerciaux purs et durs auront de plus en plus de mal à s'imposer", a-t-il précisé, en estimant que le loisir pourra occuper 10 à 20% de la superficie dans les galeries françaises de pointe, comme celle de Lyon Confluence (autour du port de plaisance de Lyon).

Cependant, "un centre de loisirs n'est pas rentable tout seul. Les collectivités locales doivent jouer le jeu pour financer ces équipements. Le privé ne peut pas tout financer", à cause du coût des terrains, problème moins aigu par exemple aux Etats-Unis, a averti M. L'Helgoualc'h.

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