La compétition pour le mémorial du World Trade Center est terminée. Parmi les huit candidats finalistes retenus en novembre 2003, les treize membres du jury ont choisi lundi dernier le projet «Reflecting Absence» de l’architecte Michael Arad, rejoint par le paysagiste Peter Walker.

Le projet «reflet de l’absence» a été sélectionné parmi 5.201 propositions venues de 63 pays. Une compétition internationale, administrée par The Lower Manhattan Development Corporation (LMDC), qui était ouverte à tous et dont le but est d’honorer la mémoire des victimes des attentats du 11 septembre 2001 et du 26 février 1993 au World Trade Center.
A l’annonce du résultat du jury, Michael Arad a promis qu’il ferait de son mieux pour être à la hauteur de la tâche énorme qu’il a en main. «C’est avec une grande humilité que je prend en compte les défis qui se présenteront et c’est avec un grand espoir que je trouverais la force et l’habileté de les relever». «J’espère que je serais capable d’honorer la mémoire de tous ceux qui ont péris, et de créer un lieu où l’on puisse tous s’émouvoir et trouver du sens », a-t-il ajouté.

Le projet du mémorial exprimera à la fois les sentiments de perte et d’absence liés à la mort et à la destruction mais évoquera également la régénération de la vie.
Deux bassins, situés à 9 m sous le niveau du sol, marqueront l’ancien emplacement des tours jumelles. Une empreinte souvenir de ces monuments désormais absents. La surface réfléchissante des grands bassins sera brisée par le creusement d’un bassin secondaire central, inaccessible, représentant symboliquement la perte. L’ensemble sera en fait constitué d’une cascade d’eau continue qui se déversera depuis le niveau de la rue vers le grand bassin puis le bassin central. Ruisselant le long des parois il créera à mi-parcours un mur d’eau autour duquel sera organisé le mémorial.

Pour y descendre depuis la place, les visiteurs entreront par l’un des quatre bâtiments inclinés qui borderont les bassins. Une descente par gradin qui les transporteront de l’ambiance lumineuse et sonore de la ville vers une calme obscurité. Peu à peu, le son des cascades d’eau grandira et la lumière du jour réapparaîtra par le sol. Au bout du parcours, ils se trouveront derrière un mur d’eau continu à travers lequel on apercevra l’écoulement infini vers le bassin central. Le périmètre du bassin sera entouré d’un ruban où seront inscrits les noms des personnes disparues selon un ordre qui rapprochera les membres d’une même famille ou les amis proches.
Un passage souterrain reliera les deux bassins entre eux, avec en son centre une alcôve où les visiteurs pourront allumer un cierge. De l’autre côté, un long corridor conduira à une chambre qui abritera des restes non identifiés. Cet espace ne sera ouvert qu’aux familles des victimes et servira d’espace de recueillement privé.

La visite au mémorial s’achèvera par un parcours ascendant, long et obscur, reconduisant vers la lumière du jour, hors de l’enceinte, sur la grande place. Cette dernière, appartenant à la fois au mémorial et à la ville, sera ponctuée de grands arbres, signes de renaissance.
Une présentation publique du projet aura lieu la semaine prochaine, dévoilant les derniers ajustements effectués sur le dessin depuis la remise du concours.

Miléna CHESSA

Les auteurs

Michael Arad, a grandit en Israël, aux Etats-Unis et à Mexico avant de s’installer à New York en 1999 où il réside encore aujourd’hui. Il a rejoint récemment le Design Department of the New York City Housing Authority et a travaillé sur l’architecture de deux stations de police, toujours à New York.

Peter Walker possède 40 ans d’expérience dans le domaine du paysagisme et de l’architecture. Ses projets, répartis entre les U.S.A, le Japon et l’Australie, concernent à la fois la planification urbaine, les quartiers et campus universitaires, les parcs et jardins. Explorant les relations entre l’art, la culture et le contexte, il re-forme le paysage - urbain ou naturel - et défi les concepts architecturaux traditionnels.

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