Le groupe français de BTP pourrait faire son entrée sur le marché japonais en prenant le contrôle d'une petite société du bâtiment, Enterprise. Cette information a toutefois été démentie par le groupe dans la journée, même si celui-ci n'exclut pas à l'avenir de s'intéresser au marché japonais.

Cette opération sera la toute première d'un groupe étranger sur le marché japonais de la construction, qui avec l'agriculture est particulièrement protégé et fermé aux acteurs non japonais. Il faut toutefois reconnaître que Enterprise est une entreprise japonnaise certes, mais elle a été créé et elle est dirigée par un français.

"Nous sommes une société de petite taille mais nous avons une excellente connaissance du marché au Japon", a déclaré vendredi à l'AFP Richard Bliah, l'architecte français qui a démarré Enterprise il y a vingt ans. La firme emploie quatre personnes mais elle travaille pour des géants comme Shimizu ou Obayashi.

Bouygues devrait acquérir une participation d'environ 60% dans Enterprise, société basée à Tokyo, en souscrivant pour 60 millions de yens (469.000 USD) de nouvelles actions émises lors d'une augmentation de capital réservée début janvier.

La capitalisation de Enterprise est actuellement de 20 millions de yens mais sera portée à 100 millions, les actionnaires actuels d'Enterprise ajoutant 40 millions au pot, a expliqué M. Bliah en n'excluant pas de nouvelles levées de fonds de la part des deux partenaires en fonction des projets dans lesquels ils se lanceront.

Selon le quotidien économique Nihon Keizai Shimbun qui a révélé l'opération, Bouygues prévoit d'envoyer certains de ses dirigeants au Japon pour superviser cet investissement.

L'opération devrait permettre à Enterprise d'obtenir deux gros projets prochainement, selon M. Bliah, qui a précisé que les deux partenaires espèrent remporter des commandes pour environ 2 milliards de yens à partir de l'an prochain (2002/2003, année comptable nippone) et porter les effectifs à 10 ou 12 personnes.

Selon le Nikkei, Bouygues espère obtenir au Japon des contrats de plus de 10 milliards de yens sur les trois années à venir, en profitant d'un programme gouvernemental favorisant le financement privé ou mixte des grands projets de construction publics.

"L'accès que l'on peut avoir aux projets gouvernementaux dépend de la taille des entreprises de construction", a expliqué M. Bliah.
"Donc si Bouygues devient un actionnaire majoritaire de la société, nous pouvons utiliser le crédit international de Bouygues et être également considérés comme une société de construction majeure sur le marché japonais", a estimé M. Bliah. "C'est pour cela que nous avons besoin que Bouygues soit l'actionnaire majoritaire", a-t-il dit.

Enterprise ne réalise que quelques centaines de millions de yens de chiffre d'affaires annuel (quelques millions de dollars) mais elle a conclu à plusieurs reprises des contrats avec de gros acteurs du BTP nippon, tels que Shimizu et Obayashi, selon M. Bliah.

Peu après la publication de cette information par l'AFP, Bouygues Construction a démenti être en passe de prendre une participation dans Entreprise Co, même s'il "n'exclut pas à l'avenir de s'intéresser davantage au marché japonais", selon un porte-parole.

"Bouygues dément les informations parues dans la presse, selon lesquelles il s'apprêterait à prendre une participation dans Entreprise Co", a indiqué le groupe dans un communiqué.

"Nous n'excluons pas à l'avenir de nous intéresser davantage au marché japonais", a toutefois déclaré à l'AFP le porte-parole de Bouygues Construction.

"Jusqu'à présent, nous y sommes très peu. Mais ce n'est pas un pays qu'on ne connaît pas du tout. Nous y sommes à travers des filiales très spécialisées qui ont participé à des ouvrages pour de grandes entreprises japonaises", a-t-il ajouté, citant la réalisation avec Taïsei du pont K1 entre Nagoya et Kobe.

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