L'IRSN a remis son rapport à l'ASN suite à l'examen complémentaire de sûreté des exploitants nucléaires. Un imposant travail d'analyse réalisé dans un court délai (entre mai et septembre 2011) par EDF, Areva, le CEA et l'IRSN et qui a mobilisé une centaine d'experts. Une conclusion s'impose : les installations nucléaires françaises sont sûres. Et des mesures de sécurité supplémentaires sont en cours de déploiement ou d'études.

Suite à l'accident survenu au mois de mars dans la centrale de Fukushima, l'Autorité de sureté nucléaire (ASN) a été chargée de procéder à un audit de la sûreté des différentes installations nucléaires françaises. Des évaluations complémentaires de sécurité ont donc été réclamées aux exploitants sur la base de stress-tests demandés par le Conseil européen, des scénarii extrêmes allant au-delà des situations normalement prises en compte pour le dimensionnement des systèmes. L'analyse par l'IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire) des évaluations transmises par les exploitants (EDF, Areva, ILL, CEA) a fait l'objet d'un rapport qui vient d'être remis à l'ASN.

 

Il ressort plusieurs conclusions de ce document. Tout d'abord, la continuation de l'exploitation des réacteurs nucléaires ne présente pas de risque imminent pour le public. Les 19 centrales nucléaires peuvent donc continuer de fonctionner sans crainte. Le rapport souligne ensuite qu'un faible nombre d'installations nucléaires présente des écarts de conformité aux exigences requises, qui fragiliseraient leur sureté dans le cadre d'événements pris en compte dans leur dimensionnement. Les quelques actions correctives à mener seraient déjà en cours et même accélérées.

 

Noyau dur contre corium
Cependant, l'IRSN recommande ensuite de réexaminer certaines exigences de manière anticipée grâce à l'évolution des connaissances. Le rapport souligne le cas de la prise en compte des séismes pour lesquels la compréhension est bien meilleure qu'il y a quelques années. La question du comportement des installations nucléaires en cas de catastrophe naturelle « extrême » se pose donc, car en l'état des choses, il pourrait y avoir des conséquences inéluctables : fusion du cœur (formation d'un corium) et rejets radioactifs aériens, à l'instar de ce qu'il s'est passé au Japon.

 

Aussi l'IRSN préconise-t-il, face à des scénarii exceptionnels mais envisageables (tremblement de terre cataclysmique, inondations désastreuses), l'adoption d'un niveau supplémentaire d'exigence de sûreté. Intitulé « noyau dur », ce niveau doit permettre de garantir la pérennité des fonctions vitales des installations nucléaires durant plusieurs jours, le temps que des autorités et des moyens externes au site puissent s'organiser et intervenir. Ce noyau dur devra être constitué d'un nombre limité de structures, systèmes et composants, robustes aux agressions au-delà du dimensionnement, afin de faire face aux situations extrêmes (perte de fonctions de refroidissement ou de sources électriques de longue durée affectant plusieurs installations d'un même site).

 

Sur la base des différents rapports dont dispose maintenant l'ASN, l'Autorité rendra au gouvernement ses conclusions définitives au début de l'année 2012.

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