CONSTRUCTION. Contrairement à certains matériaux, le béton n'est pas ébranlé par une crise d'approvisionnement, grâce à sa production française. Explications avec Philippe Gruat, président de la filière béton.

Le béton ne connaît pas la crise. Alors que de nombreuses matières premières rencontrent des difficultés dans leurs délais d'approvisionnement et une hausse des prix, notamment la filière du bois semi-transformé et celle de la plasturgie, le béton file de beaux jours. C'est ce qu'indique Philippe Gruat, président de la filière béton, représentante de cinq organisations professionnelles, la fédération de l'industrie du béton (Fib), le syndicat français de l'industrie cimentière (SFIC), le syndicat national du béton prêt à l'emploi (SNBPE), l'union nationale des industries de carrières et matériaux de construction (Unicem) et l'union nationale des producteurs des granulats (UNPG).

 

 

L'homme veut rassurer la profession. La filière représente après tout 12 milliards d'euros et 67.000 emplois directs, répartis dans 4.400 sites. Il assure que la disponibilité en béton reste stable grâce à sa production locale. "Le béton est un produit qui voyage peu car il est fait à partir de matériaux locaux, dits géosourcés, transformés et acheminés en circuits courts. Il ne rencontre donc pas de problèmes d'approvisionnement", explique à Batiactu Philippe Gruat. "Il ne connaît pas non plus de soucis de saturation d'usines car celles-ci sont françaises et exportent peu ou pas."

 

Un équilibre entre l'offre et la demande

 

Après un arrêt de la production au printemps 2020, lié à la crise du Covid-19, la production est repartie à la hausse. Contrairement aux autres matériaux qui connaissent des pénuries et un fort déséquilibre entre la demande et l'offre, la filière du béton a connu une reprise "extrêmement forte à l'automne", comme le formule Philippe Gruat.

 

"Finalement, ce qui a été le plus compliqué l'an dernier, c'était d'établir un protocole avec les salariés pour assurer des conditions de sécurité maximales au travail. On peut dire que la construction neuve se porte bien mais notre visibilité est réduite quant aux permis de construire." En effet, les mises en chantier ont chuté de 6,9% et les permis de construire de 14,7% en 2020, selon des chiffres du ministère de la Transition écologique publiés en janvier.

 

Une crise qui va durer

 

 

"Bien que le béton soit le matériau le plus consommé de France, il dépend aussi des autres filières. Et si la construction trinque, tout le monde trinque", constate Philippe Gruat. "Un bâtiment n'est pas fait que de béton. Nous sommes solidaires des autres filières qui connaissent des pénuries." Il reconnaît qu'il y aura certainement des retards de chantiers. "On s'attendait à une crise de court-terme mais il semblerait que ça soit un peu plus long."

 

Une impression confirmée par la ministre chargée de l'Industrie, Agnès Pannier-Runacher, qui avait annoncé le 14 avril que des solutions allaient être mises en place pour aider les filières touchées par cette crise d'approvisionnement des composants et de matières premières. "Le déblocage des matières premières ne se fera pas avant cet été ou la fin du second semestre", avait-elle tablé. Pour répondre à cette crise de pénuries, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a déclaré ce mois-ci qu'il était ouvert à l'idée de revoir certaines règles liées aux pénalités de retard.

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