CONJONCTURE. Dans son baromètre trimestriel habituel, la FFB dévoile des chiffres mitigés : le marché ne brille pas par son dynamisme, bien que l'emploi parvienne à résister. Dans ce contexte, les nombreuses réformes du gouvernement - prélèvement à la source, CITE, assurance construction - ont tendance à inquiéter encore plus la profession.

"Nous restons inquiets." Jacques Chanut, président de la Fédération française du bâtiment (FFB), exprime ainsi le ressenti général de la profession, au moment où l'organisation publie ses indicateurs pour le 3e trimestre 2018. Concrètement, le segment de la construction neuve accuse le coup : dans l'individuel diffus, les ventes ont dégringolé de 13,7% sur les sept premiers mois de 2018, par rapport à la même période un an auparavant. Dans la promotion immobilière, les ventes au détail reculent de 0,8% au premier semestre en comparaison à l'année dernière, tandis que les mises en vente se rétractent de 6%. Les ventes en bloc, majoritairement destinées au secteur HLM, perdent 14,2% sur la même période, d'après les données des promoteurs communiquées à la FFB. "On observe de plus en plus d'annulations d'opérations sur le segment du logement collectif", note Jacques Chanut. "En 2018, nous estimons à environ 10.000 le nombre de HLM neufs perdus."

 

Une situation que l'organisation explique par le recentrage du PTZ et du Pinel sur les zones dites tendues, ainsi que par la suppression de l'APL-accession et l'instauration progressive de la Réduction de loyer de solidarité (RLS). Autant de facteurs qui ont impacté le marché du bâtiment : sur sept mois, à fin juillet 2018, les permis et mises en chantiers de logements diminuent respectivement de 7,5% et de 3,4%. Ceci dit, la FFB souligne que d'autres éléments ont pu jouer un rôle dans cette tendance, comme la météo capricieuse et la "panne de croissance de l'économie française", qui incite les ménages à la prudence.

 

400.000 mises en chantiers en 2018, -7% par rapport à 2017

 

Un constat malgré tout surprenant, dans la mesure où d'autres indicateurs affichent une bonne santé : les surfaces autorisées et commencées enregistrent une hausse respective de 4,2% et 13,8% sur les sept premiers mois de 2018, par rapport à la même période en 2017. La FFB relève notamment que la commande publique bondit, toujours en termes de surfaces autorisées et commencées, respectivement de 7,2% et de 25,2% en glissement annuel à fin juillet 2018. L'approche des élections municipales de 2020 et la meilleure santé financière des collectivités territoriales n'y sont pas étrangères. Le contexte économique global présente donc des signes contradictoires, mais toujours est-il que les chiffres du bâtiment restent négativement orientés. En rythme annuel, la tendance tourne autour des 400.000 mises en chantiers pour l'année 2018, ce qui représente une baisse de 7% en comparaison aux 430.000 enregistrées en 2017. La FFB estime par ailleurs que la chute des permis pourrait encore aggraver ce phénomène en 2019.

 

Un point positif néanmoins : l'emploi se porte bien dans le bâtiment. Le 1er semestre 2018 a vu la création de 30.000 postes, avec dans le détail 7.000 intérimaires en équivalent emplois à temps plein, et 23.000 salariés, dont la croissance des recrutements se traduit uniquement par des CDI. Mais la FFB attire l'attention sur la forte augmentation des coûts des matériaux et des salaires, qui fragilise certaines entreprises du secteur.

 

Une profession toujours mobilisée

 

 

Dans le reste de l'actualité de la profession, la FFB confirme officiellement le démarrage de l'opération "15.000 bâtisseurs", qui ambitionne de favoriser l'accès aux entreprises du bâtiment à 15.000 jeunes et demandeurs d'emploi provenant "de quartiers prioritaires" et ce, à l'échelle nationale. L'ensemble des métiers et des fonctions du secteur est concerné par ce dispositif. Qui plus est, la FFB travaille actuellement avec Pôle Emploi pour établir une convention de partenariat qui permettrait de mieux identifier les chômeurs compétents dans le bâtiment - la profession les estime à environ 430.000. "Il ne s'agit pas de 430.000 fainéants mais de 430.000 demandeurs d'emploi mal fléchés, mal orientés. Je ne peux pas me résoudre à embaucher des travailleurs détachés quand je sais qu'il y a 430.000 personnes qualifiées qui attendent de retrouver du travail", insiste Jacques Chanut.

 

Enfin, à la suite des derniers rebondissements concernant l'assurance construction, la FFB organise un colloque le 21 septembre prochain sur le thème "Vers une crise majeure de l'assurance-construction ? Les propositions de la FFB pour l'éviter". Une mission de réflexion a été confiée à l'ancien député et ex-président du Conseil national de l'habitat, Michel Piron, afin de cibler les principaux dysfonctionnements du régime, ainsi que leurs causes, pour ensuite être en mesure de proposer des solutions.

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