L'acquisition de matériels utilisant des énergies renouvelables pour le chauffage est encouragée par les pouvoirs publics grâce à des aides, en particulier un crédit d'impôt important. Ce dernier qui s'élevait à 50% en 2008, et à 40% en 2009, vient de chuter à 25% sur certaines pompes à chaleur (PAC) depuis le 1er janvier 2010. L'occasion de faire un point avec Emmanuel Laurentin, président de la Capeb des Hautes-Pyrénées (65) et Conseiller professionnel national de l'UNA CPC CAPEB.

Batiactu : Concernant le crédit d'impôt, qu'en est-il exactement ?
Emmanuel Laurentin : S'équiper d'une PAC est un investissement conséquent. En effet, pour les PAC géothermiques, il faut compter entre 70 et 135 euros TTC par mètre carré chauffé, soit 70/100 euros pour les PAC sol/sol et sol/eau, et 85/135 euros pour les PAC eau/eau. Et pour les PAC aérothermiques, il faut compter entre 60 et 90 euros TTC par mètre carré chauffé.
En 2005, les pouvoirs publics ont octroyé à la filière des PAC un crédit d'impôt de 50%, qui est passé à 40% en 2009. Mais depuis janvier 2010, il a chuté à 25% pour les pompes à chaleur aérothermiques. La PAC géothermique, est quant à elle, restée à 40% ainsi que les PAC concernant l'eau chaude sanitaire (ECS). Cette situation est aujourd'hui très dommageable pour la filière ainsi que discriminatoire entre les systèmes de PAC existants, car on aurait préféré avoir un crédit d'impôt qui soit dégressif de 10% par an.

 

Batiactu : En installant une PAC, quelles sont les économies que l'on peut faire par rapport a d'autres systèmes de chauffage ?
Emmanuel Laurentin : La pose d'une PAC pourra engendrer une économie de 30 à 60% sur les dépenses énergétiques du chauffage. Je souhaite attirer l'attention sur certains chiffres d'économie réalisés, et affichés par des sociétés vendeur de crédit d'impôt et très loin des préoccupations réelles du consommateur. Cette économie réalisée sera fonction aussi du type de PAC installé ainsi que des prix de l'énergie utilisée avant la pose de la pompe, et c'est pour ces raisons, dans notre devoir de conseil, qu'il est très important de réaliser une étude thermique de l'habitat avec un prévisionnel de consommation. Et pour ce qui est de l'achat de la pompe à chaleur, elle dépend du type et des capacités du modèle.
Pour que cette économie soit pérenne dans le temps, il faut prévoir un entretien annuel sur son installation de PAC d'autant plus que le Décret du 7 Mai 2007 oblige un control d'étanchéité frigorifique, car un mauvais entretien peut faire chuter le rendement pouvant aller au-delà de 40%.

 

Batiactu : Qu'est-ce qu'engendre la baisse du crédit d'impôt ?
Emmanuel Laurentin : Alors que le marché est actuellement très difficile, il est vrai que cette baisse ne s'est pas faite en douceur.
En 2008, lorsque le coût du pétrole et de l'énergie était au plus haut, et le crédit d'impôt au plus haut, à savoir de 50%, nous disposions de deux facteurs incitatifs à l'acquisition d'une PAC par les particuliers. L'année 2008 était vraiment une année faste. Aujourd'hui, avec la baisse de ce crédit d'impôt, passé un peu trop brutalement à 25%, c'est un élément décisionnel très important pour le particulier qui est remis en cause.

 

Batiactu : Quelle est la durée d'amortissement ?
Emmanuel Laurentin : Le coût de l'installation d'une PAC dépend de plusieurs facteurs, tels que la difficulté de pose, le type de PAC choisie ainsi que la puissance réelle nécessaire, et je comprends très honnêtement la difficulté pour un consommateur non initié de choisir le bon devis, la bonne PAC et le bon installateur. Trop souvent, le choix du client se base sur la qualité du prix, et non pas sur le prix de la qualité.
La durée d'amortissement n'est pas toujours facile à quantifier car cela dépend des consommations de chacun et surtout du type de PAC, mais on peut tout de même dire que l'on peut amortir une pompe au bout de 7 à 9 ans. Il faut être très prudent sur l'annonce de ces amortissements, car celui-ci est basé sur les prix de l'énergie à l'instant de la réalisation du devis et prédire, aujourd'hui, le prix de l'énergie dans les mois et les années à venir, est plutôt hasardeux. De plus, un des critères à prendre en compte dans cet amortissement, est le crédit d'impôt qui est différent selon le type de PAC, de l'année fiscale de l'achat, ainsi que des aides financières des régions et/ou des départements.

 

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