Eclairage, bloc climatisation-ventilation, procédés, fournisseur d'énergie, management… quels leviers faut-il actionner dans le tertiaire et l'industrie pour parvenir à réduire les consommations ? L'Afnor estime qu'il est possible, grâce à un audit énergétique, de parvenir à des économies de 20 à 30 %. Découvrez comment.

Depuis décembre 2015, en vertu d'une directive européenne sur l'efficacité énergétique (2012/27/UE) les entreprises de plus de 250 salariés ou celles qui réalisent un chiffre d'affaires supérieur à 50 M€ (et un total de bilan de plus de 43 M€) doivent mener, tous les quatre ans, un audit énergétique. Afnor Energies vient de publier un premier retour d'expérience, reposant sur 72 audits menés sur site entre 2015 et 2016, qui explore les différentes pistes pour réduire les consommations.

 

Le rapport distingue deux grands types d'usages : ceux liés aux bâtiments comme dans le secteur tertiaire (commerce, services) et ceux liés aux procédés du secteur industriel. L'Afnor note : "Pour autant, un industriel peut également agir sur ses bâtiments, et réciproquement, un organisme tertiaire peut aussi agir sur ses procédés (un hypermarché sur ses fours ou ses groupes froids, par exemple)". L'association française de normalisation, qui s'appuie sur la norme volontaire NF EN16247, met en évidence un gisement de 20 à 30 % d'économies, qu'il s'agisse de kWh (énergie primaire) ou d'euros. Elle souligne : "On notera que cette fourchette correspond à l'objectif d'amélioration de la performance énergétique des bâtiments tertiaires prévu dans le projet de décret d'application de la loi Grenelle 2 (article 3) et de la loi de Transition énergétique (article 17) : -25 % à échéance 2020".

 

Bloc CVC et meilleur pilotage

 

Plus précisément, dans le tertiaire, l'Afnor parvient au chiffre de -27 % sur la consommation et de -29 % sur la facture, et de -20 % sur la consommation et -21 % sur la facture dans l'industrie. Pour les immeubles de bureaux, elle préconise d'intervenir en priorité sur l'optimisation et le réglage des équipements, une solution qui ne nécessite que peu d'installation ou de remplacement, avec une meilleure gestion (-8 %), de la mesure plus précise (-7 %) ou un changement de fournisseur d'énergie (-13 %). Mais la plus grosse contribution peut être obtenue en agissant sur le bloc chauffage-ventilation-climatisation (-45 %). Du côté des installations industrielles, les leviers sont légèrement différents : un tiers des actions ciblent les "utilités" que sont la vapeur (-10 %), l'air comprimé (-14 %), le froid (-6 %) et les procédés eux-mêmes (-17 %). Le bloc CVC représente encore un gros potentiel d'économies (-23 %), alors que la mesure et le management n'atteignent plus que les -10 % à eux deux. Pour le premier type de bâtiment, l'Afnor souligne donc un "besoin important de suivi, de mesure et d'exploitation des données de consommation", alors que pour le second il évoque un "besoin conséquent en installation de nouveaux équipements" et un "secteur plus mûr que le bâtiment dans son management de l'énergie" avec "moins de préconisations à faire" et notamment un suivi des consommations qui est normalement déjà réalisé.

 

Adopter un système de management avec mesures et vérifications

 

 

Concernant les investissements à consentir, l'Afnor détaille : "Les actions conduisant à ces gains potentiels mobilisent un investissement représentant les ¾ de la facture d'énergie annuelle, mais sont rentabilisées assez rapidement en moins de 3 ans et demi". Dans le monde de l'industrie, ce temps de retour serait même ramené à seulement 2,5 années. "A l'issue de cette période, l'entreprise fait donc des économies en espèces sonnantes et trébuchantes. Avant même l'audit suivant, à N+4, elle aura rentabilisé son action", fait valoir l'étude. Cependant, encore faut-il que l'entreprise auditée lance des actions correctives en travaillant avec son fournisseur d'énergie, en remplaçant des équipements ou en formant et sensibilisant ses collaborateurs. L'Afnor résume qu'il faut agir selon la règle des 3M : matériel, mesure et management.

 

De sa propre expérience, l'association révèle que la démarche rencontre plusieurs difficultés dont "une pondération inégale des 3M" avec "une forte inclination à agir sur le matériel, au détriment de la mesure et du management". De même, elle note "une certaine timidité à déployer un système de management ISO 50001", en privilégiant des actions isolées plutôt qu'une approche globale, ou encore un déficit de connaissances sur la valeur ajoutée d'un suivi des résultats. Une façon pour l'Afnor de promouvoir son propre dispositif d'amélioration continue grâce à des préconisations-actions-vérifications, permettant de passer d'un objectif de moyens à un objectif de résultats.

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