Près de 6.000 entreprises devront effectuer, d'ici au 5 décembre prochain, un audit énergétique de leurs installations, de la chaudière à la consommation en passant par la flotte de véhicules. Un marché juteux ? Possible, estiment EDF et Engie qui ont déjà certifié leurs experts pour mener ces audits.

Les entreprises de plus de 250 personnes ou dont le chiffre d'affaires annuel excède 50 M€ ou dont le total de bilan dépasse 43 M€ sont soumises à un audit énergétique, rendu obligatoire par la loi DDADUE de juillet 2013, et ce avant le 5 décembre 2015. En France, on estime que plus de 6.000 entreprises sont concernées. Transposition de la directive européenne 2012/27/UE du 25 octobre 2012, relative à l'efficacité énergétique, elle oblige les grandes entreprises à réaliser, tous les quatre ans, un audit énergétique de leurs activités.

 

S'appuyant sur les normes NF EN 16247*, il devra couvrir 80% du montant des factures énergétiques de l'entreprise. Toutefois, précise le décret 2014-1393 du 24 novembre 2014, pour les audits réalisés avant le 5 décembre 2015, ce taux de couverture peut être ramené à 65%.

 

A mi-2015, où en est-on ? Si les industriels davantage consommateurs d'énergie sont les plus sensibilisés, les autres entreprises sont plus dubitatives. Il faut dire qu'avec la publication tardive du décret, attendu tout au long de 2014, la prise de conscience a été retardée. Résultat, les premiers audits n'ont commencé que ce deuxième trimestre 2015, comment un observateur de Bureau Veritas, dans les colonnes de nos confrères des Echos.

Syndrome du DPE

Le coût est aussi un frein. Entre 4 et 6.000 euros estiment les professionnels. Mais, certains craignent que la qualité ne soit tirée par le bas, à l'instar de ce qu'il s'est passé avec le diagnostic de performance énergétique des bâtiments. "Les prestations manquent de profondeur", juge le bureau d'études Okavango, toujours dans le quotidien économique.

 

Impactés en premier chef, les énergéticiens ont décidé de prendre le train en marche. Comment ? En préparant leurs experts, par le biais des certifications, à répondre aux sollicitations de leurs clients, dont la prise de conscience n'est pas encore à son maximum*.

 

Toutefois, l'incitation à l'efficacité énergétique est de mise dans nombre d'entreprise. Car si elle manque à cette obligation, dans un premier temps, elle est mise en demeure par l'autorité administrative. Elle peut même être rendue publique. Puis, si l'entreprise ne se conforme pas à cette mise en demeure dans le délai imparti, une amende peut être infligée, pouvant atteindre 2% du chiffre d'affaires hors taxes du dernier exercice clos (4% en cas de récidive). En revanche, aucune obligation de travaux n'est prévue, ce qui laisse penser aux énergéticiens, comme Cofély, qu'un marché est prendre, avec une nouvelle offre composé, pourquoi pas, d'un audit assorti d'un contrat de performance avec obligation de résultat…

 

* Précision de l'OPQIBI : "Une entreprise 'obligée' qui souhaite faire appel à un prestataire externe pour réaliser un audit énergétique de ses activités (bâtiment, process, transports), doit, selon le décret et l'arrêté du 24/11/2014, faire appel à un prestataire (personne morale) titulaire d'une qualification attribuée par un organisme de qualification accrédité par le COFRAC sur la base de la norme NF X50-091. C'est bien le prestataire en tant que structure (personne morale) qui doit être qualifié. A ce jour, 3 organismes attribuent ce type de qualification : l'OPQIBI (3 qualifications : 1717 (audit industrie), 1905 (audit bâtiment) et 0607 (audit transport)), le LNE et AFNOR Certification. Et à ce jour, seul l'OPQIBI dispose de l'accréditation COFRAC requise par la réglementation. (...) Engie (GDF SUEZ) est titulaire des qualifications OPQIBI 1717 et 1905. Au total, 352 structures sont qualifiées OPQIBI pour réaliser les audits énergétiques (1717 et/ou 1905 et/ou 0607)."

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