CONJONCTURE. Les permis de construire, indicateur avancé de l'immobilier neuf, ont fortement creusé leur recul en France de mai à juillet, tandis que les mises en chantier restent orientées à la baisse. Des données qui ne surprennent pas Dominique Duperret des Constructeurs aménageurs de la FFB (LCA-FFB).

D'après des données communiquées le 29 août 2018 par le ministère de la Cohésion des territoires, les permis de construire, indicateur avancé de l'immobilier neuf, ont fortement creusé leur recul en France de mai à juillet, tandis que les mises en chantier restaient orientées à la baisse. Au cours de ces trois mois, les permis de construire se sont élevés à 119.900, soit un recul de 12,1% par rapport à la même période de 2017. Le nombre de mises en chantier a, lui, baissé de 4,9% à 102.700.

 

"Depuis le début de l'année les chiffres sont alarmants"

 

Le secteur de la maison individuelle en diffus est notamment concerné par cette chute. "Les chiffres du ministère corroborent les nôtres, avec quelques mois de décalage", réagit Dominique Duperret, des Constructeurs-aménageurs de la FFB (LCA-FFB), contacté par Batiactu. L'organisation procède régulièrement à sa propre étude, réalisée sur la base de l'activité de 350 entreprises travaillant dans ce domaine. "Cela donne un aperçu en temps réel des ventes de maisons individuelles, et depuis le début de l'année les chiffres sont alarmants : -20% de ventes en janvier, -12% en février, -18% en mars, -4% en avril, -16% en mai, -14% en juin", détaille Dominique Duperret. "Même les mois du printemps, qui sont habituellement favorables à la commercialisation, ont connu des baisses."

 

 

Des PTZ en forte chute en 2018

 

La LCA-FFB envisage une situation similaire pour juillet 2018. "Si l'on regarde les chiffres du ministère en diffus, de mai à juillet 2018, on constate une chute en individuel pur de -14,9% des logements autorisés et commencés, et de -5,2% en annuel." Pour l'organisation professionnelle, ces chiffres empireront dans les mois à venir pour atteindre le niveau des chiffres suscités, produits en interne. "Cela apparaîtra dans les six mois", assure Dominique Duperret. "C'est imparable. C'est la suite logique de la suppression de l'APL accession et de la limitation du PTZ, notamment dans les zones B2 et C." Décibler ces zones a d'ailleurs eu des effets contreproductifs, note le professionnel. "La suppression du Pinel en B2, par exemple, fait que les promoteurs se concentrent davantage en B1 et y font monter les prix. Les alertes que nous avons données fin 2017 ont été sans effets, et avant l'ouverture des discussions sur le PLF 2019, le Gouvernement ne nous donne pas de signes encourageants..."

 

D'après les données de la Société de gestion des financements et de la garantie de l'accession sociale à la propriété, en janvier 2018 le nombre de PTZ dans le neuf et dans l'ancien était de 10.915 : un chiffre en baisse de 43% par rapport à janvier 2017. Pour l'individuel, la chute est encore plus vertigineuse : -52,4% (6.815 PTZ neuf et ancien en janvier 2018, 14.319 en janvier 2017).

 

"Désintoxiquer" le secteur aux aides financières

 

Si le Gouvernement a supprimé ou affaibli certains de ces dispositifs, c'est pour "désintoxiquer" le secteur du Logement des aides financières. Mais, selon LCA, cela pourrait entraîner à terme des effets pervers. "Cela modifierait le marché en ce que cela exclurait un grand nombre de primo-accédants et d'acteurs de l'accession sociale." Les professionnels renvoient également aux comptes du Logement récemment publiés par le ministère de la Transition écologique et solidaire, indiquant que si les aides coûtent 42 milliards à l'État, le secteur dans son ensemble lui rapporte pour 74 milliards d'euros. "50.000 logements en moins pour l'État, c'est d'autant moins de rentrées fiscales", commente Dominique Duperret.

 

Si l'on tient compte de tous types de logements, au-delà de la maison individuelle, il ressort par ailleurs que la baisse des mises en chantier conserve le rythme observé depuis plusieurs mois. Un mois plus tôt, le ministère avait annoncé un recul de 4% entre avril et juin. En revanche, le recul des permis de construire, indicateur plus avancé du niveau futur du marché, marque une forte accélération : d'avril à juin, ils n'avaient baissé que de 4,3% par rapport à la même époque de 2017 (-12,1% de mai à juillet).

 

La loi Elan est censée relancer l'offre

 

Les permis de construire s'inscrivent désormais en nette baisse (-4,5%) sur l'ensemble de l'année écoulée à fin juillet, par rapport à la même époque un an plus tôt. Les mises en chantier restent en hausse (+3,4%). Après deux années de progression régulière, le marché français du logement neuf donne donc des signes d'essoufflement depuis le début 2018, alors que le gouvernement a promis de relancer l'offre grâce à son projet de loi sur le logement.

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