Le Conseil national de l'ordre des architectes (Cnoa) a commandé un sondage(*) à l'institut IFOP portant sur les effets de la crise économique sur l'activité des agences et les stratégies mises en œuvre pour y faire face. Niveau d'optimisme, impact sur l'activité, stratégie commerciale adoptée, diversification, emplois et actions à mettre en œuvre… Détails des résultats.

Après un an de crise, marquée par la faillite de la banque américaine Lehmann Brothers en septembre 2009, aucun secteur d'activité n'a été épargné. Surtout pas ceux de la construction et du logement. En amont, les maîtres d'œuvre, et notamment les agences d'architecture, ont eux aussi subi les baisses d'autorisations de construire. Le Cnoa a donc chargé l'IFOP de réaliser une étude sur l'impact de la crise sur l'activité des architectes.
Toutefois, la note du Cnoa qui introduit le sondage met en garde sur les résultats. En effet, l'enquête réalisée courant avril 2009 tend à relativiser les résultats, notamment ceux sur le moral des architectes. « Si l'effet de la crise est important et brutal sur le chiffre d'affaires et le nombre de commandes, son impact sur le moral des architectes n'est pas aussi fort qu'on aurait pu le penser. » Car, depuis, la situation s'est dégradée, estime le Cnoa, se référant à un sondage Internet effectué sur le même sujet par le Conseil des architectes d'Europe : si en avril dernier, 46% des répondants déclaraient la situation mauvaise ou très mauvaise, ce taux est passé à 62% en juin 2009. C'est pour cette raison que le Cnoa lancera une deuxième vague à cette enquête, qui paraîtra en décembre, afin de coller au plus près à la réalité des agences.

Principaux enseignements

Pour une population d'architectes, dont l'ancienneté professionnelle moyenne tourne désormais autour de 20 ans (contre 18 en 2005), l'activité en 2008 a enregistré une chute brutale. Le nombre de commandes est ainsi passé de 17 en 2007 à 12 en 2008. Du côté du revenu net moyen retiré de l'activité d'architecte en 2008, il a diminué de près d'un tiers sur un an, passant en moyenne de 41000 à 28000 €. Du coup, l'optimisme des répondants est quelque peu touché et affiche un certain recul (-21 points en un an), mais son niveau reste toutefois majoritaire (57%).
Quant à l'impact réel de la crise sur l'activité des agences, elles sont 59% à estimer en avoir ressenti ou à en pressentir bientôt les effets. En revanche, 89% d'entre elles disent que le moment où le ralentissement s'est fait sentir s'est déjà produit. Seules 10% pensent qu'il est encore à venir. Enfin, parmi les secteurs d'activité des agences les plus touchés, il apparaît logiquement qu'il s'agit de la construction de logements collectifs (46%) et celle de maisons individuelles (39%).
Face à la crise, les agences ont ou vont, pour la plupart, adopter des stratégies ad hoc. Ainsi, elles sont 64% à avoir mis en œuvre ou à envisager des changements de modalités dans leurs contrats ainsi que dans leur stratégie commerciale. Pour cette dernière, c'est l'élargissement des zones de prospection qui est majoritairement retenue (71%). De plus, la crise va amener certaines agences à davantage participer à des concours publics d'architecture. Enfin, la question de l'emploi, et notamment des licenciements liés à la baisse d'activité, reste délicate pour près de la moitié des agences interrogées, qui ont effectué ou prévoient d'effectuer des licenciements.
Au final, parmi les actions à mettre en place qui viserait à faire face à la crise, notons dans le trio de tête, la communication/publicité - notamment sur le rôle de l'architecte - l'abrogation de la loi des 170 m2 et une baisse des charges sociales et l'amélioration du système fiscal.

 

(*) Etude réalisée par l'Ifop pour l'Ordre des architectes, sur un échantillon de 804 architectes, représentatif de la population des architectes inscrits à l'Ordre et en activité, sur la période du 22 au 28 avril 2009.

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