Musée lui-même d'abord connu par son look avant-gardiste, le Guggenheim de New York expose pour plusieurs mois une des architectes contemporaines les moins conventionnelles, la Britannique d'origine irakienne Zaha Hadid.

«Zaha Hadid: 30 ans en architecture» est la deuxième grande rétrospective de ce type organisée par le musée de la 5e Avenue, après celle consacrée en 2001 à l'architecte américain Frank Gehry qui, à ce jour, reste l'exposition la plus vue de toute l'histoire du musée.

«J'espère qu'on pourra rééditer ce succès», disait vendredi le directeur des lieux Thomas Krens, en présentant l'exposition d'une créatrice qui a effectivement le vent en poupe.
Seule femme à avoir décroché le prix Pritzker d'architecture, en 2004, Zaha Hadid travaille désormais des Etats-Unis à la Chine, même si elle a dû attendre les années 1990 pour voir ses premiers plans concrétisés. 2005 a vu la réalisation de plusieurs projets, à Vienne, Leipzig, Copenhague, et surtout le plus important, le Centre des sciences Phaeno de Wolfsburg (Allemagne), musée penché et aux fenêtres ondulantes, posé sur pilotis géants. «Mon ambition est toujours de réaliser des projets théoriques qui paraissent difficiles à ce moment-là», dit-elle.
Ainsi la rotonde du Guggenheim se retrouve jusqu'en octobre remplie des plans, peintures et maquettes de projets spectaculaires, conçus par Zaha Hadid depuis ses études auprès de Rem Koolhaas à l'Association architecturale de Londres dans les années 1970.
Née en 1950, Zaha Hadid a grandi dans son Bagdad natal, dans un milieu bourgeois et plutôt libéral, jusqu'au départ de la famille dans les années 1960. La jeune fille étudie alors en Suisse, puis au Liban. Mais de ses années irakiennes, elle pense avoir gardé un sens de l'optimisme qui se ressent toujours dans son travail. «Etre une Irakienne, et grandir dans les années 1960... Il y avait un optimisme incroyable, et une foi en l'avenir», dit-elle de sa voix grave, vendredi au Guggenheim, sans s'appesantir cependant sur la situation actuelle de son pays. Le but de son oeuvre: générer la curiosité et favoriser les lieux de rencontre.
Au Guggenheim, le visiteur suit chronologiquement son évolution, un art que, bien avant l'ère des ordinateurs, elle exprime d'abord sur de grandes toiles, de grands tableaux géométriques: projet de musée londonien, parc de la Villette à Paris.
Puis arrive le «Peak», un club perché au sommet d'une colline de Hong Kong, et dont elle remporte le concours ouvert en 1982. Même s'il ne sera jamais réalisé, le projet lance sa notoriété. A mesure que l'on avance, les édifices anguleux disparaissent au profit de structures plus fluides, qui semblent voler. Et surtout, les plans trouvent leur concrétisation: la première fois en 1990, avec une caserne de pompiers en Allemagne.
Depuis, d'autres ont suivi, du terminus de trams de Strasbourg au tremplin de saut à ski d'Innsbruck avec restaurant au sommet, au Centre d'art contemporain de Cincinnati.
Aujourd'hui les projets abondent: opéra de Canton, premier complexe culturel de Dubaï, mais aussi centre aquatique des J.O. de Londres. Si le projet aboutissait, Zaha Hadid travaillerait pour la première fois dans son pays d'adoption.

«Zaha Hadid» - Guggenheim Museum - Du 3 juin au 25 octobre - Ouvert tous les jours sauf le jeudi - www.guggenheim.org

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