RENOVATION ENERGETIQUE. Lors de son conseil d'administration du mercredi 9 octobre, l'Agence nationale de l'habitat a décidé d'abaisser le plafond de travaux de son programme d'aides à la rénovation énergétique "Habiter mieux agilité", de 20.000 à 8.000 euros. Et ce, au motif d'une "inflation extrêmement importante des prix des matériels, en raison du cumul des aides publiques", selon sa directrice générale, Valérie Mancret-Taylor.

L'Anah n'y va pas par quatre chemins. Lors de son conseil d'administration du mercredi 9 octobre, l'Agence nationale de l'habitat a décidé d'abaisser le plafond de travaux de son programme d'aides à la rénovation énergétique "Habiter mieux agilité", de 20.000 à 8.000 euros, et ce pour les dossiers déposés auprès de l'Anah dès ce jour, 10 octobre 2019. Le motif ? Une "inflation extrêmement importante des prix des matériels, en raison du cumul des aides publiques", a expliqué Valérie Mancret-Taylor, lors d'un point presse ce jeudi 10 octobre. La directrice générale de l'Anah a ainsi évoqué le Plan Chaudières du ministère de la Transition écologique, lancé en janvier dernier. Celui-ci vise notamment à limiter jusqu'à 1 euro, pour les ménages les plus modestes - cibles de l'Anah -, le coût du remplacement d'une vieille chaudière par une solution plus vertueuse, grâce au cumul des différentes aides disponibles, qu'il s'agisse de celles de l'Anah, des certificats d'économie d'énergie, du crédit d'impôt pour la transition énergétique (CITE) ou encore des aides des collectivités territoriales.

 

 

L'objectif de 120.000 logements subventionnés en 2019 sera "très vraisemblablement atteint"

 

Un effet d'aubaine pour certains acteurs de la rénovation énergétique, qui auraient profité de ces offres dites "à un euro" et des importantes subventions publiques associées pour augmenter leurs prix ? "Le comité de pilotage du Plan Chaudières a fait remonter des informations sur la façon dont il impacte l'activité des différents acteurs", répond sobrement Valérie Mancret-Taylor. Qui affirme que la baisse du plafond de travaux du système "Habiter mieux agilité" "permettra aux offres à 1 euro de se maintenir, à condition que les prix des équipements restent raisonnables." Le conseil d'administration de l'Anah de mercredi a d'ailleurs autorisé 110 millions d'euros d'engagements supplémentaires pour "Habiter mieux agilité" en 2019, ce système "performant très fortement."

 

Effy en pleine "réflexion"
La société Effy, délégataire de certificats d'économie d'énergie (CEE), contactée par Batiactu, explique être en "réflexion" par rapport à cette annonce. "Le plan chaudière est victime de son succès", observe Audrey Zermati, directrice de la stratégie d'Effy. Un succès salué par Frédéric Utzmann, président de la société. "En tant que membre de la Team Pro de l'Anah, nous nous félicitons du succès du programme Habiter mieux et tout particulièrement de celui du plan chaudière auquel nous contribuons", explique-t-il auprès de Batiactu. "Aujourd'hui, nous avons quelques milliers de pompes à chaleur à un euro en cours de réalisation exclusivement chez des ménages très modestes. Notre priorité est de sécuriser ces chantiers et leurs financements. Nous restons également extrêmement attentifs à la mise en œuvre de la nouvelle prime l'année prochaine pour maintenir des équipements de qualité chez les ménages les plus modestes et le maintien de la dynamique engagée pour l'ensemble de la filière."

 

Un dynamisme qui vaut pour l'ensemble des programmes de l'Agence cette année, avec 95.000 logements subventionnés à la date du 9 octobre, contre 52.000 un an plus tôt. Soit une hausse de près de 83%, à mettre sur le compte d'une stabilité réglementaire et budgétaire et de l'existence de grands programmes nationaux comme "Habiter mieu"», "Action cœur de ville", "Logement d'abord" ou "Initiative copropriétés." Valérie Mancret-Taylor juge donc "très vraisemblable" l'atteinte de l'objectif fixé à l'Anah pour 2019, c'est-à-dire 120.000 logements subventionnés. En 2018, l'Agence avait subventionné 92.000 logements, en deçà de son objectif de 104.000.

 

L'Anah sera "prête au 1er janvier 2020" pour gérer la prime qui se substituera au CITE

 

 

Pour 2020, s'il y a un sujet sur lequel l'Anah est attendue, c'est bien celui du projet de transformation du CITE en prime, qui fait actuellement l'objet d'un débat parlementaire dans le cadre de l'examen du projet de loi de Finances pour 2020. Valérie Mancret-Taylor l'assure, l'Anah, chargée de distribuer cette prime, "sera prête au 1er janvier 2020", avec l'ouverture d'une plate-forme en ligne sur laquelle les ménages modestes et très modestes, qui bénéficieront de cette nouvelle prime dès l'an prochain, pourront déposer leurs demandes d'aides. L'instruction des dossiers, elle, débutera "le 1er avril 2020 au plus tard", après le vote du PLF et la publication de ses décrets d'application.

 

Dans cette perspective, l'Anah, qui compte une centaine d'agents, verra ses effectifs augmenter d'une trentaine d'équivalents temps plein travaillé en 2020. L'Agence a également lancé un appel d'offres afin de trouver un prestataire à qui elle confiera l'instruction des dossiers et la gestion d'un centre d'appels téléphoniques. Elle arrêtera le choix de ce prestataire lors de son conseil d'administration du 4 décembre prochain. Quant aux moyens qui lui seront accordés pour gérer l'extension, en 2021, de la nouvelle prime aux ménages aux revenus dits intermédiaires, il faudra attendre le PLF 2021 pour la connaître.

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