REVITALISATION. La mise en place progressive du programme "Action cœur de ville", qui ambitionne de redynamiser 222 centres-villes et centres-bourgs à travers toute la France, est l'occasion pour la Fédération des entreprises publiques locales de rappeler le rôle et l'utilité de ces structures dans des projets locaux de développement. Focus.

Comme d'autres gouvernements avant eux, l'exécutif Macron - Philippe a souhaité prendre à bras-le-corps le problème de la dévitalisation et du dépeuplement partiels des villes moyennes françaises. Le programme "Action cœur de ville" a ainsi vu le jour : une enveloppe de 5 milliards d'euros répartis sur 5 ans sera consacrée à redynamiser 222 agglomérations jugées "sinistrées" sur le plan économique et démographique. Pour piloter ce plan, le ministère de la Cohésion des territoires - avec à sa tête le ministre Jacques Mézard et le secrétaire d'Etat Julien Denormandie - a mis en place un conseil national d'orientation, auquel participe notamment la Fédération des entreprises publiques locales (FedEpl). Cette organisation, qui compte 11.000 élus locaux, présidents et administrateurs d'EPL, entend bien rappeler l'importance de ses différentes structures dans le tissu économique et social des régions, au moment où les premières conventions du programme sont signées entre l'Etat et les collectivités territoriales.

 

Un besoin d'encadrement et de pilotage des projets

 

"La problématique du commerce en centre-ville est importante, suite à la multiplication des grandes surfaces et à la montée en puissance du e-commerce", déclare Jean-Marie Sermier, président de la FedEpl et député (LR) du Jura. "On constate également une paupérisation des logements en centre-ville, avec des difficultés de rénovation et de mobilité urbaine. Tout cela contribue au désenchantement des centres-villes et à des pertes de population." Mais la FedEpl salue l'instauration progressive du plan "Action cœur de ville", soulignant notamment le montant de l'enveloppe, les possibilités d'expérimentation conférées aux communes ainsi que les politiques publiques fléchées qui pourront être mises en place.

 

S'agissant du logement, les EPL reconnaissent qu'il y a un vrai problème de rentabilité : "Là où la rentabilité n'existe pas, l'opérateur privé ne prend pas le risque d'investir", prévient Jean-Marie Sermier. Un constat qui a toute son importance quand on sait que les EPL se décomposent en Sociétés d'économie mixte (Sem), Sociétés publiques locales (SPL) et Sociétés d'économie mixte à opération unique (SemOp), des structures rassemblant institutions publiques et opérateurs privés. "Les EPL sont des outils exceptionnels, incontournables pour redynamiser les territoires ; ce sont en quelque sorte des couteaux-suisses. L'objectif est d'inciter les propriétaires à rénover en les accompagnant le plus tôt possible, le mieux possible et le plus longtemps possible. En fait, les EPL possède deux niveaux de compétences pour la rénovation des logements : l'ingénierie et la maîtrise d'ouvrage. Ce qu'il faut, c'est donc une structure pour lancer et piloter le projet de rénovation. L'exemple est important en la matière, car il peut déclencher un mimétisme."

 

8 axes pour renforcer la redynamisation des villes moyennes

 

Pour amplifier la revitalisation des centres-villes et des centres-bourgs, la FedEpl a formulé 8 propositions :

 

- Sécuriser les contrats de revitalisation artisanale et commerciale (Crac) ;
- Ouvrir l'accès à la DETR (Dotation d'équipements des territoires ruraux, NDLR) aux opérations dans le périmètre de concessions d'aménagement ;
- Ouvrir les financements du plan Action cœur de ville à tous les territoires, y compris dans les métropoles ;
- Préfinancer les subventions aux propriétaires ;
- Financer le déficit de l'opération ;
- Créer une structure de portage pour les commerces ;
- Financer l'acquisition-amélioration et le portage immobilier ;
- Revoir la fiscalité en faveur des centres-villes et centres-bourgs.

 

"Il faut réinventer les centres-villes en intégrant les enjeux d'aujourd'hui et de demain, comme les nouvelles technologies", poursuit Jean-Marie Sermier. "Outre la volonté politique, il faut un acteur 'assemblier' qui possède les compétences ou qui peut aller les chercher là où elles se trouvent."

 

La FedEpl attend évidemment le verdict de la commission mixte paritaire chargée de la loi Elan, qui s'est réunie pour la première fois ce mercredi 19 septembre. Les instances de la fédération se réuniront dans la foulée pour faire le point et réfléchir aux suites à donner à la version finale du projet de loi.

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