INFRASTRUCTURE. Le Conseil d'Etat a rejeté les pourvois du ministère de l'Agriculture, de la région et d'une société de travaux publics demandant l'annulation d'une ordonnance du juge des référés concernant l'exploitation d'une carrière, nécessaire pour finaliser la construction de cette nouvelle voie.

L'audience avait eu lieu avant l'état d'urgence sanitaire et les décisions avaient été rendues le 3 avril. Mais ce n'est que le 14 avril que la conclusion du Conseil d'Etat a été rendue publique. Celui-ci a rejeté les pourvois du ministère de l'Agriculture, de la région Réunion et de la Société de concassage et de préfabrication de la Réunion, qui demandaient l'annulation d'une ordonnance du juge des référés concernant l'exploitation d'une carrière nécessaire à la construction de la Nouvelle Route du littoral (NRL).

 

Cette ordonnance avait suspendu, il y a un an, un arrêté préfectoral autorisant l'exploitation de la carrière dite Bois-Blanc, à Saint-Leu, à l'ouest de l'île. Ses matériaux devaient servir d'enrochement à la future digue du côté de la Possession, mais des recours ont été déposés pour dénoncer notamment les "les nuisances importantes pour la population, les atteintes graves à l'environnement et à la biodiversité".

 

"Absence de réflexion sur les moyens d'approvisionnement"

 

Le tribunal administratif avait alors jugé que "l'exécution de la décision préfectorale serait de nature à porter une atteinte grave et immédiate aux intérêts" que défendaient les plaignants, estimant par ailleurs : "le projet de la Nouvelle Route du littoral se caractérise par l'absence d'une réelle réflexion sur les moyens d'approvisionnement à mettre en œuvre pour réaliser la partie digue de l'ouvrage".

 

La décision du Conseil d'Etat est un nouveau coup dur pour ce projet titanesque. Il est en effet ralenti depuis de longs mois, de nombreux recours ayant été déposés contre la quasi-totalité des arrêtés préfectoraux autorisant l'exploitation des carrières. A chaque fois, les requérants ont d'ailleurs obtenu gain de cause.

 

Pas de suspension assure la Région

 

Le conseil régional de la Réunion a réagi au lendemain de cette nouvelle décision et la nuance. Il souligne en effet que le Conseil d'État "ne se prononce aucunement sur la poursuite du chantier". A l'inverse, il laisse le soin au tribunal administratif "d'examiner le dossier sur le fond, à savoir si la carrière de Bois Blanc peut commencer à être exploitée ou non", et de "se prononcer dans les prochaines semaines, voire les prochains mois, sur la provenance des matériaux nécessaires pour terminer les deux kilomètres restants du chantier de la NRL".

 

Et la région l'assure : même si le chantier est effectivement à l'arrêt depuis le début du confinement, il y a un mois, "il n'y a à ce stade pas de suspension" du projet. "Les acteurs publics et privés travaillent ensemble sur la reprise de ces chantiers le moment venu", complète l'exécutif local, et les travaux continueront "entre la Grande Chaloupe et la Possession à partir de matériaux locaux en privilégiant la récupération d'andains". Car "plus que jamais, ce chantier fait partie des grandes priorités d'investissement pour notre collectivité"

 

Le chantier de la Nouvelle Route du littoral

 

S'étendant sur 12 km, la Nouvelle Route du littoral est l'un des grands projets actuellement en cours sur le territoire national. Son objectif : remplacer les actuelles quatre voies entre Saint-Denis-de-la-Réunion, au nord de l'île, et la côte ouest. Cet axe de circulation est considéré comme vital pour l'économie de la Réunion, mais il est régulièrement saturé par le flot grandissant des véhicules. Il est aussi dangereux, car il longe une falaise instable où les éboulis sont récurrents.

 

Ce projet se décline en deux parties : un viaduc, sur environ 5,5km, entre Saint-Denis et la Grande-Chaloupe, dont les travaux se sont achevés en mars 2019 ; une partie digue, entre la Grande-Chaloupe et la Possession, toujours en cours.

 

Le chantier est estimé à environ 2 Mds€ et implique plusieurs grands groupes de BTP : Vinci construction et Bouygues travaux publics, accompagnés par Dodin Campenon Bernard et Demathieu bard pour le viaduc ; Grands Travaux de l'Océan Indien, une filiale de Colas, et SBTPC, une entité de Vinci, pour les digues situées aux extrémités du tracé ; Eiffage TP, Razel Bec, Saipem, NGE et sa filiale Guintoli sur le petit viaduc de la Grande-Chaloupe.

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