INSOLITE. Une manifestation en musique a rassemblé des milliers de personnes dans la capitale allemande ce week-end. Le rallongement d'une autoroute urbaine pourrait détruire des clubs techno mythiques.

"Highway to hell" n'est pas uniquement le nom de la mythique chanson du groupe AC/DC. C'est aussi le nom donné par les opposants au projet d'extension d'autoroute berlinoise. Dans la capitale allemande, le prolongement de l'A100, à l'est de la ville, pourrait détruire vingt sites culturels et boîtes de nuit, dont certaines très célèbres comme les clubs techno Renate et About Blank.

 

L'opération a été validée en 2016 par le gouvernement et est actuellement soutenue par le ministère fédéral des Transports ainsi que par le maire (conservateur) de la capitale, Kai Wegner. Estimée à un milliard d'euros d'après la BBC, elle comprend l'allongement de l'artère de cinq kilomètres, depuis le parc de Treptow jusqu'à Friedrichshain. Le ministère considère que le projet est indispensable pour pouvoir gérer la circulation actuelle et future. Les travaux de l'axe routier devraient commencer en 2027, indique The Guardian.

 

 

Une rave contre le projet

 

Pour protester contre ce projet urbain, une rave party a été organisée le 2 septembre 2023 dans les rues de la capitale par Bürger*innenInitiative A100, un mouvement réunissant des habitants du quartier, des activistes écologiques et des clubbers. Il a réuni des milliers d'adeptes de la musique techno et des écologistes devant les clubs et sur le tronçon qui devrait être utilisé pour le projet.

 

Berlin manifestation autoroute A100
Des manifestants portant des pancartes dénonçant le projet. © Twitter Autofreiberlin

 

Les opposants affirment que la vie culturelle de la ville est menacée par un tel projet. Le Clubcommission, Commission des Clubs de Berlin qui représente le secteur, a appelé sur X (anciennement Twitter) à "sauver les clubs et la ville". Il a pour cela invité les opposants à danser devant les clubs menacés par la construction. "Luttons contre cette folie et défendons un Friedrichshain vivant !". Clubcommission demande non seulement l'arrêt des plans de construction de l'A100 mais aussi d'établir une stratégie pour faire face à la "gentrification" de la ville, en créant une vision commune du développement urbain.

 

"Des clubs vont disparaître"

 

"Le prolongement de l'autoroute urbaine coûtera des milliards d'euros. Des logements, des espaces libres ainsi que des lieux de culture et de club vont disparaître. Nous appelons la société urbaine berlinoise à mettre un terme durable et irrévocable à ce projet destructeur et à renverser le plan fédéral des voies de communication et ses nombreux projets de construction routière", ont déclaré Bürger*innenInitiative A100 et Clubcommission dans un communiqué.

 

Berlin manifestation autoroute A100
Pour les opposants, ce projet représente une menace pour la vie culturelle berlinoise. © Twitter Autofreiberlin

 

Pour Mohamed Ben Mustapha, du club ZUKUNFT am Ostkreuz, le projet d'extension est "l'équivalent d'une balle dans la rotule de Berlin", rapporte The Guardian. Selon lui, la destruction de ces clubs serait "dévastatrice". "Les zones menacées sont précisément les endroits où une interaction éclectique entre des personnes d'origines et d'horizons divers a lieu… et non dans la rue ou sur le lieu de travail."

 

 

Berlin est la capitale mondiale de la musique techno, depuis la chute du mur en 1989. A cette époque, la scène électronique s'est installée dans des bâtiments inutilisés et industriels. Aujourd'hui, elle attire des touristes du monde entier, spécialement venus pour découvrir la scène musicale berlinoise. Cette dernière est bénéfique pour l'économie de la capitale, puisqu'elle lui rapporterait un peu moins de 1,5 milliard d'euros, selon une étude de 2018 de Clubcommission. Les touristes se rendant dans ces boîtes de nuit débourseraient environ 200 euros par jour, en hôtels, bars, restaurants et clubs.

 

 

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