Les prix de vente de logements anciens en France ont stagné au premier semestre 2008 : la hausse n’est que de 0,72% par rapport au deuxième semestre de 2007, selon une étude menée par le réseau d'agences immobilières Century 21. Mais de fortes disparités subsistent entre les régions, et un nouveau facteur entre dans la décision d’achat : le prix des carburants. Le point avec Hervé Bléry, président de Century 21 France.

Batiactu : Où en est-on de la période d’ajustement annoncée l’année dernière ?
Hervé Bléry :
Les grands écarts de prix entre les régions vont se réduire. Les premiers écarts à se réduire vont d’ailleurs être ceux entre les mises à prix des vendeurs et les compromis de vente. Désormais, dès qu’un bien sort du prix du marché, il n’intéresse plus personne. Les vendeurs ont tendance à se montrer plus raisonnables qu’il y a un an lorsqu’ils fixent le prix. Autre tendance, les propriétaires commencent à préférer mettre en vente avant de passer à l’acquisition : c’est l’effet inverse de ce que l’on observait il y a quelques années. En moyenne, un bien s’écoule en 86 jours, mais il existe de fortes disparités selon les régions. A Paris, un bien est vendu en 60 jours ; dans le Limousin, ce délai est de 121 jours.
Depuis un an, le contraste entre les différentes régions est flagrant. C’est un phénomène nouveau apparu fin 2007, en particulier avec le resserrement des conditions de crédits, l’augmentation des taux d’intérêts, et la hausse des prix de l’énergie. Et l’autre phénomène, encore plus récent, c’est qu’au-delà de l’impact de l’augmentation des crédits, il y a l’effet de l’augmentation des carburants.

Batiactu : Le prix des carburants entre-t-il réellement en compte dans le choix des acquéreurs ?
Hervé Bléry :
Oui, c’est très net. En deux ans, le prix des carburants a grimpé de 35% à la pompe. Une augmentation comme ça pour un couple qui s’est éloigné de 30 km de son lieu de travail et qui a besoin de son véhicule, c’est dramatique dans un budget.
La demande dans les zones de deuxième couronne se concentre autour des moyens de transport en commun quand il y en a. Et les banques qui font de l’analyse de risque tiennent compte de cette augmentation du coût des carburants pour les ménages qui sont dans cette situation. Elles vont réduire le prêt accordé en définitive car elles vont laisser moins de place au budget remboursement. C’est un phénomène sensible qui a amené cette baisse de prix dans les deuxièmes couronnes et dans les grandes banlieues. C’est un phénomène qui a été extrêmement rapide.

Batiactu : Le profil des acquéreurs a-t-il changé ?
Hervé Bléry :
Depuis six ou sept ans, la durée moyenne du crédit augmente d’un an chaque année. On peut difficilement maintenant augmenter cette durée. Les banques se concentrent donc sur des durées n’excédant pas 25 ans, et les conditions d’octroi exotiques n’existent plus : désormais, on ne dépasse plus les 33% d’endettement. Cela réduit forcément le nombre d’acquéreur, et on observe d’ailleurs l’érosion de la tranche d’âge des moins de trente ans. La tranche des 30-45 ans augmente, tandis que celle des 50-60 ans régresse. Ceci s’explique par le fait que cette tranche d’âge réalise des changements de confort, elle n’y est donc pas contrainte et préfère attendre.
Le marché dans son ensemble ne s’effondre pas, mais les plus jeunes acquéreurs voient leur budget acquisition réduit, en particulier les primo-accédants.

Quel avenir pour les agents immobiliers ?
Si le nombre des agences immobilières a explosé au cours des dix dernières années (on en compte 25.000 sur toute la France), l’année pourrait voir le nombre de transactions immobilières chuter de 15%, selon Hervé Bléry. Conséquence directe pour les agents immobiliers, il n’y a plus autant de travail pour tout le monde. «Sur les deux ans à venir, je ne serai pas surpris de voir 5.000 à 6.000 agences disparaitre», analyse Hervé Bléry.

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