CHIFFRES. L'Observatoire national de la rénovation énergétique a rendu son premier rapport sur les travaux et les aides à la rénovation entre 2016 et 2019. Celui-ci se base à la fois sur les chiffres de l'Anah et sur l'enquête Tremi, qui comptabilise les maisons individuelles rénovées, qu'elles aient bénéficié d'une aide ou pas.

La comptabilisation et la caractérisation des rénovations énergétiques figurent au premier rang des missions de l'Observatoire national de la rénovation énergétique. Un peu plus d'un an après sa création, L'Onre publie, le 19 mai, son premier rapport, qui propose un "bilan des travaux et des aides entre 2016 et 2019". Ce rapport se base sur deux sources : l'enquête sur les travaux de rénovation énergétique dans les maisons individuelles (Tremi) de 2020, pilotée par l'Ademe et le service des statistiques, qui interroge des ménages résidant en maison individuelle sur les travaux réalisés entre 2017 et 2019, et les données relatives aux principales aides à la rénovation sur la période de 2016 à 2019, telles que le crédit d'impôt pour la transition énergétique (CITE), les certificats d'économies d'énergie (CEE) ainsi que les aides Habiter mieux de l'Agence nationale pour l'habitat (Anah). L'analyse combinée de ces deux ensembles de données permet, avance l'Onre, de "dresser le panorama des rénovations énergétiques en France le plus complet à ce jour".

 

Ces données ont été appariées entre elles pour identifier le nombre de logements ayant bénéficié d'au moins une aide (plusieurs aides pouvant être perçues pour le même geste de travaux) et estimer les économies d'énergie associées à ces gestes aidés. L'analyse combinée de ces deux ensembles de données permet de dresser le panorama des rénovations énergétiques en France le plus complet à ce jour, bien qu'il ne soit pas encore exhaustif du fait notamment de l'exclusion des rénovations en habitat collectif et n'ayant bénéficié d'aucune des aides précédemment mentionnées.

 

2,3 millions de maisons individuelles rénovées, dont 1,4 million avec une aide

 

Ainsi, l'enquête Tremi évalue à 2,3 millions le nombre de maisons individuelles rénovées, avec une économie d'énergie de 8,1 TWh/an. Les données issues des systèmes d'aide à la rénovation comptabilisent, parmi ces maisons individuelles, 1,4 millions de logements, pour 5,4 TWh/an économisés. Pour les logements collectifs, seuls ceux qui ont bénéficié d'une aide à la rénovation sont comptabilisés : ils représentent 700.000 unités et 1,9 TWh/an. L'ensemble des logements ayant bénéficié d'une aide se monte à 2,1 millions, pour 7,2 TWh/an d'économies d'énergie.

 

Premier enseignement de l'Observatoire tire de son enquête : la rénovation énergétique concerne principalement les maisons individuelles et les propriétaires occupants. Si l'enquête Tremi ne concerne que les maisons individuelles, l'analyse des aides à la rénovation sur la période 2016-2019 montre que, à l'exception des CEE ciblant de l'habitat collectif en location (24% des logements rénovés bénéficiant de CEE, contre 14% pour l'ensemble des aides), la grande majorité des logements rénovés grâce aux aides sont des maisons individuelles occupées par leur propriétaire (65% des logements rénovés bénéficiant d'une aide). Par ailleurs, l'analyse des résultats de l'enquête Tremi montre que les travaux sont un peu plus fréquents que la moyenne dans les grands logements, dans ceux construits avant 2000, dans ceux occupés par des ménages aisés et surtout dans ceux ayant fait l'objet d'un emménagement récent.

 

De meilleurs performances après travaux ? Pas toujours

 

Autre enseignement tiré de l'enquête : les rénovations aboutissent souvent, "mais pas systématiquement", à une amélioration des performances thermiques. Ainsi, avance l'Onre, l'enquête Tremi couvre l'ensemble des travaux susceptibles d'améliorer la performance énergétique du logement, en touchant l'enveloppe du bâti ou les systèmes de chauffage, l'eau chaude sanitaire, la ventilation ou la climatisation. On dénombre ainsi "3,1 millions de maisons individuelles ayant fait l'objet d'une rénovation potentiellement énergétique" en 2019 en France métropolitaine, soit 19% du parc de maisons individuelles. Une modélisation des performances thermiques avant et après travaux permet d'estimer que, parmi ces rénovations de maisons individuelles, 2,3 millions ont effectivement conduit à une réduction de la consommation d'énergie finale conventionnelle. L'écart entre ces deux nombres met en évidence que "beaucoup de travaux négligent l'amélioration des performances thermiques (voire conduisent à une augmentation de la consommation comme la première installation d'un climatiseur par exemple)", explique l'observatoire.

 

L'analyse des données relatives aux aides à la rénovation sur la période 2016-2019 permet en outre de comptabiliser les rénovations énergétiques en restreignant leur champ à celles ayant bénéficié d'une aide publique. Ceux-ci représentent 7% du parc total, et, pour ce qui est des maisons, 8% du parc, soit nettement moins que le total des maisons rénovées.

 

Des économies d'énergies significatives

 

L'Onre observe également que les rénovations énergétiques réduisent de manière significative la consommation d'énergie conventionnelle des logements. Selon l'enquête Tremi en effet, les travaux réalisés en 2019 par les ménages habitant en maison individuelle ont conduit à des économies conventionnelles d'énergie finale de 8,1 TWh/an. Cela représente 2,5% de la consommation conventionnelle d'énergie finale de l'ensemble du parc de maisons individuelles. La contribution estimée des rénovations aidées à la réduction de la consommation conventionnelle totale des résidences principales en 2019 en France métropolitaine est, elle, de 1,6%.

 

Ces travaux, très divers, ne permettent pas tous les mêmes économies. Parmi les 2,3 millions de rénovations ayant engendré des gains énergétiques dans les maisons individuelles en 2019, les systèmes de chauffage et/ou d'eau chaude sanitaire constituent presque la moitié des économies d'énergie (49%), tandis que les rénovations des parois opaques (toitures, murs, planchers) totalisent 38% des économies d'énergie et celles des parois vitrées et ouvertures 5%. Sur le champ des rénovations aidées, la tendance entre 2016 et 2019 est à la hausse des changements de système de chauffage ou d'eau chaude sanitaire (47% des économies d'énergie en 2016, contre 55% en 2019) et surtout des travaux sur les parois opaques (27% en 2016, 46% en 2019).

 

Des ménages majoritairement satisfaits

 

La proportion de rénovations bénéficiant d'aides est variable suivant les postes, estime, par ailleurs, l'observatoire. C'est le cas d'une grande majorité de changements de systèmes de chauffage et d'eau chaude sanitaire mais d'une très faible part des rénovations portant sur la ventilation. "Certaines réfections peuvent améliorer, même légèrement, la performance énergétique sans pour autant satisfaire aux critères techniques d'éligibilité aux aides", explique ainsi l'Onre. En outre, un nombre important de travaux sont réalisés directement par les particuliers sans faire appel à un professionnel (particulièrement concernant les murs).

 

Enfin, l'enquête montre que la plupart des ménages ayant rénové sont satisfaits des travaux mais estiment que d'autres sont encore nécessaires. Les ménages confient majoritairement la réalisation des travaux à des professionnels, dont ils se déclarent globalement satisfaits. Les rénovations les plus importantes sont souvent liées à l'achat et à l'emménagement dans un nouveau logement, tandis que celles de moindre ampleur sont plus fréquemment provoquées par la nécessité de remplacer un équipement défectueux. La plupart des ménages ayant rénové estiment avoir encore des travaux à réaliser mais sont souvent freinés par leur situation financière.

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