ANALYSE. Pas moins de 250.000 artisans se sont lancés dans l'aventure entrepreneuriale l'année dernière, selon le baromètre ISM-Maaf. 1 entreprise sur 4 qui s'ouvre en France est ainsi affiliée à l'artisanat, et le BTP fait partie des secteurs les plus porteurs de cette tendance.

Il est visiblement porteur de se lancer dans l'aventure entrepreneuriale en France ces temps-ci. Pas moins de 250.000 entreprises artisanales ont été créées dans l'Hexagone en 2022, ce qui représente une progression de 7% sur un an.

 

 

1 entreprise sur 4 qui s'ouvre est ainsi affiliée à l'artisanat, selon le baromètre de l'Institut supérieur des métiers (ISM) et de l'assureur Maaf, ce qui permet au tissu artisanal de compter aujourd'hui 1,6 million d'entreprises. Ce résultat est d'autant plus surprenant que, dans le même temps, les créations de sociétés "classiques" reculent globalement de 1%, à 809.390 ouvertures.

 

Maçons et électriciens à la pointe

 

Un record historique des créations d'entreprises artisanales donc, qui "témoigne de la place centrale de l'artisanat dans la dynamique entrepreneuriale en France", estime Marielle Vo-Van Liger, la directrice marketing et communication de Maaf. "Le bâtiment, les services, les métiers du soin mais aussi les métiers d'art exercent un attrait toujours plus fort, en dépit des crises."

 

Avec 93.620 créations, la construction fait effectivement partie des secteurs les plus dynamiques, en hausse de 4%. Elle compte même cinq segments dans le top 10 des activités choisies par les créateurs d'entreprises artisanales.

 

Avec respectivement 14.330 et 14.030 sociétés ouvertes en 2022, la maçonnerie générale et les travaux d'installation électrique tiennent le haut du pavé et progressent chacun de 1%. Les taux de croissance les plus élevés sont en revanche détenus par les travaux d'installation d'eau et de gaz (6.820 entreprises, +8%) et la menuiserie (7.000, +5%). Les travaux de peinture se font également une place dans le classement, avec 9.220 sociétés créées, soit une hausse de 1%.

 

Les entrepreneurs classiques se rémunèrent quatre fois mieux que les micro-entrepreneurs

 

Tous secteurs confondus, l'augmentation de l'activité artisanale reste cependant tirée depuis une dizaine d'années par l'auto-entrepreneuriat. Les micro-entreprises pèsent tout de même pour 65% dans les créations d'entreprises comptabilisées en 2022, soit un bond de 10%.

 

Pour autant, les statuts juridiques classiques ont résisté en progressant de 4% : le reste du gâteau a donc été partagé entre les SAS (16%), les SARL (10%) et les EI (9%). En outre, l'engouement pour la micro-entreprise s'explique la plupart du temps par l'exercice d'activités saisonnières ou parallèles à une activité salariée.

 

De plus, les revenus annuels dégagés par les micro-entrepreneurs sont en moyenne quatre fois moins élevés que ceux des entrepreneurs classiques : 6.810 € contre 26.035 €. Dans le BTP, les entrepreneurs classiques ont représenté 46% des créations en 2022 (+4%) et se sont dégagés un revenu net moyen de 29.550 € (données 2020). La part de micro-entrepreneurs a pour sa part augmenté de 10%, atteignant 54% des ouvertures, pour un revenu net moyen de 9.950 € (données 2021).

 

"Les micro-entrepreneurs peinent souvent à trouver leur marché et leur activité ne leur permet pas souvent de vivre pleinement de leur entreprise"

 

 

On retrouve par ailleurs cinq activités du bâtiment parmi les 12 segments enregistrant plus de 50% de créations d'entreprises classiques : la construction de maisons individuelles (85%) et de bâtiments (83%), le montage de structures métalliques (68%) ainsi que les travaux d'isolation (63%) et d'étanchéification (61%). "Ceux qui font le choix de la micro-entreprise sont, comme les autres, passionnés par un métier et attirés par le statut de travailleur indépendant. Souvent plus jeunes, ils s'installent dans des secteurs exigeant peu d'investissements et sont souvent installés à leur domicile", détaille Catherine Élie, en charge des études de l'ISM.

 

"Moins visibles, ils peinent souvent à trouver leur marché et leur activité ne leur permet pas souvent de vivre pleinement de leur entreprise", poursuit-elle. "Et comme le montrent les chiffres, les revenus doivent être souvent complétés par une activité salariée, des revenus sociaux ou intra-familiaux. En conséquence, ces projets restent moins viables et moins pérennes."

 

Les régimes d'entreprises classiques auraient quant à eux deux "vertus" : ils ont conduit davantage de jeunes et de femmes à devenir entrepreneurs. En compilant les données de l'Insee et de l'Acoss, l'étude montre ainsi que 31% des chefs d'entreprises classiques créées cette année-là étaient des femmes, contre 22% chez les micro-entrepreneurs. De même, 19% des sociétés classiques ont été ouvertes cette année-là par des personnes de moins de 30 ans, contre seulement 6% du côté des micro-entreprises.

 

La ruralité attire l'artisanat

 

Le baromètre s'est également penché sur la répartition géographique des 250.000 créations d'entreprises artisanales enregistrées l'année dernière. Le phénomène concerne certes l'ensemble des régions mais des disparités subsistent.

 

Alors qu'elle avait subi un recul de 4% en 2021, l'Île-de-France retrouve la première place du podium avec un décollage de 13% en 2022. A contrario, une vingtaine de départements sont dans le rouge, particulièrement en Normandie, Bourgogne-Franche-Comté, Auvergne-Rhône-Alpes et Occitanie, où la Lozère dégringole de 15%.

 

Ceci dit, la dynamique des ouvertures s'observe aussi bien dans les métropoles que dans les petites et moyennes villes. C'est même dans les zones rurales que l'entrepreneuriat artisanal est le plus actif : 1 entreprise sur 3 qui s'y installe relève de l'artisanat, contre 1 sur 7 en région parisienne.

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