Une nouvelle carte de France verra bientôt le jour. François Hollande a, en effet, annoncé les premiers contours de sa nouvelle réforme territoriale qui prévoit la réduction du nombre de régions, de 22 à 14, pour une économie finale de près de dix milliards d'euros. Loin de faire l'unanimité, le projet de loi sera soumis au Parlement en juillet prochain.

Lundi soir, aux alentours de 20h30, le président de la république a dévoilé la nouvelle organisation territoriale dans une tribune publiée sur le site de l'Elysée et envoyée à l'ensemble de la presse régionale dès le lendemain.
L'annonce d'une nouvelle réforme territoriale n'était plus vraiment une surprise. Le gouvernement avait en effet émis plusieurs hypothèses concernant la refonte des régions de France sans en dévoiler les principales lignes. Le projet présenté au public et au média prévoit donc la réduction du nombre de régions, passant de 22 à 14. "Elles seront ainsi de taille européenne et capables de bâtir des stratégies territoriales", a indiqué François Hollande.

 

Une nouvelle réorganisation des régions de France
La nouvelle carte de France propose ainsi une réorganisation autour de la création de six super régions : Centre, Poitou-Charentes et Limousin ; Picardie et Champagne-Ardenne ; Auvergne et Rhône-Alpes, Lorraine et Alsace, Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. Sans surprise, la Haute-Normandie et la Basse-Normandie ne feraient plus qu'une, tout comme la Bourgogne et la Franche-Comté.
Le projet ne prévoit pas en revanche de réorganisation pour les régions du Nord-Pas de Calais, l'Ile-de-France, le PACA, l'Aquitaine, la Bretagne, les Pays de la Loire et la Corse.
Pourtant évoquée à plusieurs reprises, la fusion de la Bretagne et des Pays de la Loire n'est pas envisagée par le texte du gouvernement.

Des régions aux responsabilités étendues

François Hollande a notamment justifié cette nouvelle réforme territoriale par l'ancienneté du découpage administratif. "Notre organisation territoriale a vieilli […] et les moyens de communication, les mutations économiques, les modes de vie ont effacé les limites administratives."

 

Le président de la république entend donner davantage de responsabilités aux nouvelles régions qui remplaceront certaines compétences des départements. "Elles seront la seule collectivité compétente pour soutenir les entreprises et intervenir en matière de transports, en passant par les routes, les aéroports, les ports, les lycées et les collèges".
Si les départements seront maintenus en une "circonscription de référence essentielle pour l'état" autour des préfets, le projet de loi prévoit la suppression du conseil général en 2020.

 

Au niveau des économies attendues, le chef de l'état n'a pas évoqué de chiffre, ni d'estimation. De son côté, André Vallini, le secrétaire d'Etat à la Réforme territoriale, a estimé, à la sortie du conseil des ministres, "une dizaine de milliards d'euros d'économies" réalisée "en supprimant les chevauchements de compétence".

Des réactions très partagées

La carte à 14 régions a soufflé le chaud et le froid parmi les présidents exécutifs locaux
Le président de l'Association des régions de France (ARS), Alain Rousset a déclaré que le projet de François Hollande allait dans le "bon sens".
Jean-François Macaire, le président PS de la région Poitou-Charentes, se dit satisfait du non-démantèlement de "l'entité Poitou-Charentes". Le président de la région Ile-de-France, Jean Paul Huchon, parle, quant à lui, d'une réforme territoriale à la "vision ambitieuse".

 

A l'Ouest, Jacques Auxiette, président PS des Pays de la Loire, est rassuré par le maintien de sa région rappelant que les dernières cartes présentées prévoyaient la division des cinq départements (Sarthe, Maine-et-Loire, Mayenne, Loire-Atlantique et Vendée).

 

De leur côté, les opposants au projet entendent mener une résistance tenace. Loin d'être convaincus par les économies prévues par le gouvernement, certains souhaitent remettre à plat le projet et réclament la mise en place d'un référendum. "La meilleur façon de solutionner l'organisation territoriale publique, c'est d'organiser sur cette question un référendum", a déclaré Claudy Lebreton, président de l'Assemblée des départements de France dans un entretien diffusé sur Mediapart.

 

Très en colère, le président du conseil régional de Picardie, Claude Gewerc, s'est déclaré "très surpris" du projet de fusion de sa région avec celle de la Champagne-Ardennes. Il assure même que cette proposition n'avait jamais été évoquée lors d'une discussion avec Bernard Cazeneuze, le ministre de l'intérieur, quelques heures avant la publication du projet de loi.

Le texte bientôt examiné au conseil des ministres

Par la suite, Manuel Valls a annoncé dans une interview sur BFM-télé que deux textes seront examinés au conseil des ministres du 18 juin. Le premier présentera la nouvelle reconfiguration des régions et le second détaillera les nouvelles compétences des régions. Ils seront débattus au Parlement au mois de Juillet a annoncé au micro de France Info le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone.
La route vers la simplification du mille feuilles territorial ne sera pas sans embûche.

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