ENJEUX SANITAIRES. La nouvelle enquête de l'association Bâtiment Santé Plus montre que les professionnels du bâtiment intègrent davantage la santé dans leurs démarches. Mais ils sont encore une majorité à avoir besoin d'informations sanitaires sur le réemploi de certains matériaux.

Quelle place est apportée à la santé dans le bâtiment en 2021 ? C'est la question que s'est posée l'association Bâtiment Santé Plus dans une enquête* qu'elle vient de publier. Réalisée auprès de plusieurs centaines d'acteurs du bâtiment, elle montre que la santé devient un sujet qui prend de plus en plus d'importance pour les protagonistes de la filière. 55% des interrogés considèrent que la santé est la préoccupation numéro 1 à intégrer dans les projets et la conception de produits, à l'exception des maîtres d'ouvrage, des investisseurs et des sociétés foncières. Pour l'association, "il reste encore à convaincre de l'impact et de l'importance du bâti sur la santé des usagers".

 

Si en 2000, ils n'étaient que 25% à se préoccuper des enjeux sanitaires, ils étaient bien plus nombreux (41%) en 2015 à intégrer cette thématique dans tous leurs projets. L'association estime que la santé sera "une composante intrinsèque de la construction et de la rénovation" dans le futur. La qualité de l'air arrive en tête des préoccupations des participants de cette enquête (86,3%). Viennent ensuite l'orientation, l'ensoleillement et la lumière (65,6%) et le confort thermique (65%). 39,4% classent également l'acoustique comme une priorité. Chez les architectes, ce sont l'orientation, l'ensoleillement et la lumière qui priment.

 

S'adapter aux nouveaux usages

 

Sans surprise, la crise sanitaire a bouleversé la prise en compte des enjeux sanitaires dans le bâtiment, c'est ce qu'affirment près de 40% d'entre eux. Parmi ces réponses, ce sont surtout les maîtres d'ouvrage, les investisseurs et les foncières (67,7%) qui se sentent concernés par "l'effet Covid", contre 15,8% des entreprises de construction, installation et maintenance.

 

"La qualité de l'air intérieur, avec une plus grande attention au renouvellement d'air par l'aération et la ventilation, est très fortement mise en avant dans les réponses spontanées des participants", ajoute l'association. Les acteurs de la filière prennent également davantage en compte la conception des bâtiments, que cela soit du logement ou du tertiaire, afin que ceux-ci s'adaptent aux nouveaux usages, notamment le télétravail.

 

La formation, essentielle pour informer sur les enjeux sanitaires ?

 

L'enquête a également interrogé sur les solutions de réduction de la transmission aérienne des infections contagieuses dans les bâtiments. L'aération par les ouvrants reste la solution plébiscitée par les sondés, puis la ventilation mécanique et la filtration de l'air. "L'épuration et le recyclage de l'air sont les derniers moyens retenus par tous les acteurs", note Bâtiment Santé Plus.

 

Reste que certains acteurs ne sont pas assez informés ou formés aux enjeux sanitaires. 73% des bureaux d'études environnementales et 66% des architectes qui ont participé à cette enquête se disent formés aux impacts sanitaires du bâtiment. A contrario, ils ne sont que 48% de la maîtrise d'ouvrage publique et privée à être sensibilisée à la prise en compte de la santé dans les bâtiments. La formation a permis à 38% de l'ensemble des participants d'intégrer la santé dans leurs projets.

 

Quid des matériaux biosourcés ?

 

L'étude s'est également penchée sur les matériaux biosourcés. 62,5% des répondants les utilisent le plus, parmi tous les matériaux disponibles, dans leurs démarches. C'est le cas de 71,9% des architectes et de 70,6% des bureaux d'études environnementales. Dans l'ensemble, 40% des acteurs utilisent des matériaux écoconçus et issus du recyclage. Ce sont en majorité (62%) des fabricants et distributeurs de produits de construction et d'aménagement intérieur qui sont les plus impliqués. Mais ils ne sont que 62% des sondés à savoir qu'un produit qui possède "une fraction de matière recyclée est soumis aux mêmes obligations réglementaires de qualité sanitaire qu'un produit neuf", reflète l'enquête.

 

L'économie circulaire a tout de même du chemin à faire au sein du bâtiment. Le réemploi et la réutilisation sont trois fois moins utilisés que les matériaux biosourcés. Un peu moins d'un acteur sur cinq déclare ne pas se sentir concernés par tous ces matériaux.

 

Les bénéfices environnementaux sont le premier critère de choix de l'utilisation des matériaux biosourcés ou réemployés (76,5%). Un répondant sur deux classe l'absence de substance dangereuse comme un critère. "L'information sur les bénéfices conjoints environnementaux et sanitaires des matériaux d'économie circulaire dans le bâtiment est peu précise : 52,2% seulement de la totalité des répondants savent qu''un matériau bon pour l'environnement' n'est pas systématiquement synonyme de 'bon pour la santé'", ajoute l'enquête. Au total, 93% des interrogés affirment avoir besoin d'informations sanitaires sur les différentes familles de produits de réemploi.

 

* L'enquête a été menée auprès de 320 acteurs du bâtiment, dont 30% d'architectes, 25% de bureaux d'études, et environ 10% de maîtres d'ouvrage. Elle a été confiée à l'École nationale de la statistique et de l'analyse de l'information (ENSAI) Junior Consultant au printemps 2021. L'enquête a été réalisée en partenariat avec le Conseil national de l'ordre des architectes et avec le soutien de l'Ademe et du service architecture du ministère de la Culture.

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