Les PPP sont une nouvelle fois la cible de critiques. Cette fois, c'est l'Union des clubs professionnels de football (UCPF) qui pointe du doigt le modèle de partenariat public-privé pour la construction et la gestion des stades. Que reproche-t-elle à ce mode de financement ? Réponses.

Si les PPP et les hôpitaux de ne faisaient pas bon ménage, désormais, il semble également que cela soit le cas avec les stades de football. En effet, selon troisième "Baromètre des impacts économiques et sociaux du football professionnel", réalisé par EY et l'Union des Clubs professionnels de football (UCPF), ce mode de financement et de gestion pose de multiples questions aux clubs qui n'en sont que locataires. Sur la saison 2012/2013, quatre stades ont été le terrain de travaux en PPP : le Vélodrome de Marseille (rénovation) ; Bordeaux, Nice et Lille (construction d'une nouvelle enceinte).

 

Le modèle de partenariat public-privé, fréquemment utilisé pour ces nouveaux chantiers, s'il présente l'avantage d'un développement rapide des projets et aide les collectivités à concentrer leurs ressources sur l'aménagement du territoire de proximité, il soulève des interrogations. L'étude pointe du doigt plusieurs facteurs : les risques financiers, aléa sportif, coût global des opérations et modèle de répartition de l'exploitation.

Seuls trois clubs propriétaires de leur stade

Au final, seuls trois clubs sont - ou seront à terme - propriétaires de leur stade : l'AC Ajaccio, l'AJ Auxerre et l'Olympique Lyonnais. Outre les PPP, cela résulterait du contexte historique de l'organisation du sport en France dans lequel les collectivités se sont vu confier le soin de construire, de rénover, d'entretenir et d'exploiter les enceintes sportives au nom de l'intérêt général. L'UCPF souligne que les stades sont avant tout "l'outil industriel" du club résident et préconise qu'il en ait la libre exploitation (y compris hors jours de matchs). "Les parties prenantes devraient mettre en place un modèle économique qui répartisse au mieux la valeur et les risques afférents au stade", précise l'organisation. Cette dernière soulève aussi la question du coût de construction des stades qui serait plus élevé en France que dans les autres pays européens. Ce coût se répercute ensuite logiquement sur les loyers des clubs résidents, clients uniques et captifs.

 

Le financement en PPP suscite donc encore et toujours de nombreux
PPP
PPP © Commision européenne 2013
débats, y compris dans le monde du football. Et nul doute que les opposants à ce mode de financement ne manqueront pas de faire un parallèle avec un récent rapport de l'Internationale des services publics (ISP), la Fédération syndicale mondiale, qui indiquait que les opérations de ce type "constituaient un mécanisme de financement de l'infrastructure et des services onéreux et inefficace, puisqu'il dissimule l'emprunt public tout en fournissant aux entreprises privées des garanties de profit à long terme accordées par l'État". Les PPP auraient-ils du plomb dans l'aile ?

 

Chiffres sur la saison 2012/2013
Selon l'UPCF, la filière du BTP a été dopée par l'effet Euro 2016, et donc été l'un des principaux moteurs de la croissance de la filière lors de la saison 2012/2013. Les chantiers de construction de stades se déroulent à Lille, Lyon, Nice et Bordeaux et les rénovations : Paris, Lens, Toulouse, Saint-Étienne et Marseille. Soit un investissement total de près de 1,7 milliard d'euros, financés par l'État, les collectivités et les acteurs privés. "Ces grands travaux sont une opportunité de développement pour les collectivités. 63% d'entre elles estiment que leur club et son stade ont un effet significatif sur l'aménagement du territoire, en accompagnant notamment la revitalisation de certains quartiers".

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