PATRIMOINE. Les 100 premiers bénéficiaires de la collecte nationale en faveur du patrimoine religieux viennent d'être dévoilés par la Fondation du patrimoine. Près de la moitié d'entre eux sont fermés au public ou en péril, et situés dans des communes de moins de 1.000 habitants.

Ils sont une centaine d'églises, de temples et de chapelles qui vont pouvoir lancer des travaux de restauration d'urgence. Représentatifs des différents cultes historiques et répartis aux quatre coins de la France, les premiers bénéficiaires de la collecte nationale en faveur du patrimoine religieux viennent d'être dévoilés par la Fondation du patrimoine.

 

 

Près de la moitié d'entre eux sont fermés au public ou en péril (55%), et situés dans des communes de moins de 1.000 habitants (50%). Mais ils sont aussi 61% à ne pas être protégés au titre des Monuments historiques, ce qui les prive de facto de subventions publiques pour engager leurs chantiers de rénovation. D'après la fondation, le besoin de financement de ces 100 sites s'élève à 15 millions d'euros.

 

D'où la collecte nationale annoncée par Emmanuel Macron lors des Journées européennes du patrimoine en septembre 2023, qui doit mobiliser des fonds pour les communes de moins de 10.000 habitants en métropole, et de moins de 20.000 en outre-mer. L'objectif alors fixé par le président de la République était de sauver un millier d'édifices en quatre ans, tous cultes confondus.

 

Un état sanitaire préoccupant

 

À l'heure actuelle, quelque 12.000 donateurs ont apporté plus de 2,3 millions d'euros, ce qui représente "une réussite inédite pour une opération thématique sans bénéficiaires préalablement identifiés", se félicite la Fondation du patrimoine. Celle-ci maintient néanmoins son appel aux dons car 12,7 millions d'euros manquent encore dans les caisses, et les collectivités qui en ont la charge ont de plus en plus de difficultés à les entretenir. Selon la fondation, il existerait 50.000 lieux de culte sur l'ensemble du territoire national, dont 40.000 sont la propriété de communes.

 


Quelques exemples d'édifices bénéficiaires de la collecte

 

- Le temple protestant de Saint-Christol (Ardèche)
- L'église Saint-Ferréol de Curgy (Saône-et-Loire)
- L'église Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Bignan (Morbihan)
- L'église Notre-Dame d'Aigurande (Indre)
- L'église Saint-Dominique de Bonifacio (Corse du Sud)
- La synagogue de Benfeld (Bas-Rhin)
- L'église Saint-Martin d'Arnèke (Nord)
- L'église Sainte-Eugénie de Marnes-la-Coquette (Hauts-de-Seine)
- La chapelle de l'hôpital de Mortagne-au-Perche (Orne)
- La collégiale du Moustier de Saint-Yrieix-la-Perche (Haute-Vienne)
- L'ancienne cathédrale Saint-Maurice de Mirepoix (Ariège)
- L'église Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Vallons-de-l'Erdre (Loire-Atlantique)
- La chapelle Notre-Dame du Groseau de Malaucène (Vaucluse)
- La chapelle de l'ancien hôpital des Trois-Îlets (Martinique)
- L'église Saint-Dominique de Roura (Guyane)

 


"Ces édifices sont aujourd'hui menacés : ils luttent contre les ravages du temps et les aléas climatiques ou, faute de moyens, ils souffrent d'un manque d'entretien et de prévention des risques. Trois mille à 5.000 d'entre eux sont dans un état sanitaire qui fait craindre pour leur pérennité et doivent être considérés en priorité", alerte l'organisation dans un communiqué.

 

Pour inciter les potentiels donateurs à franchir le pas, elle mise sur le dispositif fiscal spécifiquement mis en place pour l'occasion. "À l'instar de la souscription pour Notre-Dame de Paris, cette campagne nationale bénéficie d'un taux de déduction fiscale renforcé pour les particuliers de 75% jusqu'à 1.000 €", souligne la fondation.

 

Renforcer l'ingénierie patrimoniale des collectivités

 

La sélection des bénéficiaires dépend aussi de nombreux critères : l'intérêt patrimonial et culturel, l'accessibilité et l'ouverture au public, le degré de protection et de subvention, la maturité du projet de travaux ou encore la "recherche d'équilibre géographique et de représentation de l'ensemble des cultes". Pour être éligibles, les édifices candidats n'ont pas l'obligation d'être affectés à un culte mais doivent en tout cas représenter un bâti religieux - églises, abbayes, synagogues, presbytères, temples, chapelles, couvents... - et ne pas être meublés.

 

 

Il n'est pas non plus nécessaire qu'ils soient protégés au titre des Monuments historiques, mais doivent cependant être la propriété de personnes publiques - collectivités, établissements publics... La Fondation du patrimoine cherche d'ailleurs à accompagner les exécutifs locaux dans ces démarches par le biais d'un "comité d'orientation" censé "éclairer par ses travaux les enjeux de sauvegarde spécifiques à cette typologie et affiner les critères d'éligibilité".

 

Cette structure devrait en outre "formuler des propositions pour renforcer l'accompagnement en ingénierie des collectivités dans leur politique patrimoniale". Il regroupe des représentants des ministères de la Culture et de l'Intérieur, de l'Association des maires de France et des présidents d'intercommunalités, de l'Association des maires ruraux de France, de la Fondation pour la sauvegarde de l'art français, de la Fondation Notre-Dame, des Chantiers du Cardinal, de l'association Sites & Cités remarquables de France, de l'Observatoire du patrimoine religieux et de l'Institut Pèlerin du patrimoine.

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