PARTENARIAT. Le CSTB et la Régie Immobilière de la Ville de Paris (RIVP) ont conclu un partenariat de recherche afin de travailler ensemble sur tout un panel d'outils, allant de la maquette numérique au pré-diagnostic amiante en passant par l'optimisation énergétique. Etienne Crépon, président du CSTB, et Serge Contat, directeur général du bailleur social, expliquent leur démarche.

Pour le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB), la signature de partenariat avec des acteurs de l'immobilier va de soi. Comme l'explique Etienne Crépon, son président, c'est le moyen pour les scientifiques de "confronter leurs outils à la réalité du terrain". Il raconte : "Le secteur du bâtiment est confronté à deux révolutions : numérique tout d'abord et transition environnementale ensuite. Deux sujets sur lesquels le CSTB travaille depuis des années. Et il est indispensable pour nos équipes de voir comment ces évolutions vont s'implémenter sur le terrain, ceci pour faire progresser les compétences et les connaissances". D'où la conclusion de plusieurs partenariats de recherche conjoints avec des acteurs de l'immobilier, afin de partager leurs expertises et leurs données. Ce vendredi 9 mars 2018, c'est avec la Régie Immobilière de la Ville de Paris (RIVP) qu'un tel accord a été passé afin de plancher sur tout un ensemble de sujet d'intérêt.

 

 

Sophie Moreau, directrice déléguée Recherche Partenariale au CSTB, explique : "Plusieurs thématiques sont envisagées : l'énergie tout d'abord, la maquette numérique ensuite, pour mieux orchestrer la conception des projets et mieux gérer le parc. Nous travaillons également sur l'amiante et enfin sur un autre sujet qui est la sécurité incendie". Concrètement, le centre scientifique apportera ses compétences méthodologiques au niveau des protocoles de gestion des données et des interfaces entre les outils métiers et la maquette numérique. Il apportera également ses compétences dans le domaine de la modélisation 3D de l'existant, à partir de plans 2D, grâce à l'apport des startups de son CSTB'lab.

 

Un outil statistique qui prédit la présence d'amiante

 

Sur l'amiante, le CSTB mettra à disposition son système expert capable d'évaluer la présence du matériau ignifuge dans les bâtiments selon leur période de construction, leur zone géographique ou leurs solutions constructives. "Il sera alimenté par les données de la RIVP, soit environ 10.000 documents, ce qui lui permettra de cartographier précisément le parc", précise-t-elle. Etienne Crépon renchérit : "Cela permettra d'améliorer la capacité prédictive et de réduire le nombre de faux positifs grâce à une sorte de pré-diagnostic". Or, cet outil prédictif sera d'autant plus fiable qu'il disposera d'une quantité importante de données.

 

Pour la sécurité incendie, le RIVP a déjà confié au CSTB une mission d'expertise par rapport à la tenue au feu de portes palières de certains de ses immeubles ILM 28 - des constructions en briques, typiques de la petite ceinture parisienne. Des tests sur leurs capacités coupe-feu ont été réalisés afin de vérifier s'il était pertinent de remplacer l'ensemble des 1.200 portes concernées. Quant à la question énergétique, elle fera l'objet de travaux sur la Garantie de performance et sur la régulation, par le biais de thermostats connectés.

 

 

La RIVP en précurseur

 

Le directeur général du bailleur social parisien déclare : "La RIVP souhaite un effet d'entraînement auprès des autres bailleurs sociaux". Pour Serge Contat, le bâtiment se trouverait "à un tournant fondamental", en particulier dans le domaine du numérique où pendant longtemps, la modélisation est restée du domaine de l'utopie et se trouve finalement en passe d'être généralisée. "La réflexion sur le BIM est arrivée par les projets de construction mais demain elle concernera la gestion de patrimoine. Les progrès sont rentables économiquement et bénéfiques socialement. Nous allons avancer plus vite grâce à ce partenariat et être plus efficaces". De son côté, Etienne Crépon souligne : "Il faut qu'il y ait des défricheurs, des gens en amont pour que ces travaux prennent. C'est la démarche de la RIVP sur ces sujets émergents qui seront les standards de demain : maquette numérique en exploitation, recherche d'amiante… Ceci pour faire progresser toute la filière et démontrer la pertinence de nos travaux scientifiques". Les premiers résultats opérationnels sont attendus dès le 2e semestre de l'année, notamment pour ce qui concerne la recherche d'amiante et le BIM.

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