Enfin de relier Séoul à l'île de Seonyu, l'ingénieur et architecte Rudy Ricciotti a dessiné une passerelle en forme d'arc élancé de 120 mètres de portée. Pour conserver la finesse du projet, VSL-Intrafor, filiale de Bouygues Construction, a utilisé un béton fibré à ultra-hautes performances, le Ductal.

Premier ouvrage d'art en Ductal, la passerelle de Seonyu, a été inaugurée vendredi 26 avril lors d'une cérémonie organisée par la municipalité de Séoul en Corée du Sud.

Ce pont piéton, qui relie la capitale coréenne à l'île de Seonyu, a été réalisé par VSL-Intrafor, filiale de Bouygues Construction spécialisée en précontrainte et fondations, avec le matériau Ductal fourni par Lafarge. Le Ductal est un béton très innovant qui été mis au point par les équipes de recherche de Bouygues Construction, Lafarge et Rhodia.

Cette passerelle en Ductal représente un exploit architectural unique au monde. Elle est composée d'un arc de 120 mètres de portée (constitué de six voussoirs de 20 mètres de long et de 1,3 mètre de hauteur) sur lequel repose un tablier de seulement 3 cm d'épaisseur. Elle a donc des proportions extrêmement fines, impossibles à réaliser avec un béton classique (une structure en Ductal nécessite en effet deux fois moins de matière, pour les mêmes capacités de portée et de résistance).

La très haute résistance à la compression et à la flexion du Ductal en fait un matériau ductile, caractéristique que ne possède aucun autre béton, et dont il tire son nom. A cette capacité à supporter des efforts importants s'ajoute sa résistance à l'abrasion, aux agressions de la pollution, aux intempéries et aux éraflures, résistance qui est comparable au granit. Sa durabilité, gage de frais d'entretien réduits, participe aussi à son économie tout au long de la vie de l'ouvrage. Il est également parfaitement modelable. Par ailleurs, l'aspect de surface, qui peut être lisse comme du marbre, facilite la recherche des jeux de lumière et de texture.


Ricciotti, un architecte amoureux du béton

L'architecte et ingénieur Rudy Ricciotti, qui participe au projet de transformation de l'île de Seonyu en parc urbain, a beaucoup misé sur cette passerelle pour créer un lien avec la ville, surtout que l'ouvrage d'art se veut un symbole de la coopération et de l'amitié entre la Corée du Sud et la France.

Après avoir revendiqué un certain plaisir de la forme et de l'espace, Ricciotti se tourne vers une radicalité critique qui atteindra son apogée avec le Stadium de Vitrolles (1994), un bunker en béton noir se dressant au milieu des coulées de bauxite.

Amoureux du béton, Ricciotti, volontiers provocateur, n'hésite pas à revendiquer une esthétique de la pauvreté, du vulgaire... L'architecte, installé dans le Var, a dernierement été sélectionné pour réhabilité un bâtiment des Grands Moulins de Paris (35 000 m2), construit entre 1917 et 1921 par l'architecte Georges Wybo et désaffecté depuis 1997. Ce bâtiment qualifié de "Quasimodo de béton, dont le toit essaie de se donner un look à la Mansart" par l'architecte devrait d'ailleurs conserver sa volumétrie d'origine.

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