ÉCONOMIE. Invité du congrès de l'Union des entreprises de proximité (U2P) - dont est membre la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb) -, le ministre de l'Économie a abordé de nombreux sujets au lendemain de la présentation du projet de loi de Finances 2024. Le locataire de Bercy a répété ne pas fermer sa porte sur plusieurs dossiers.

Une présence qui faisait office de "soutien". Ce 28 septembre, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire est intervenu aux Rencontres de l'U2P (Union des entreprises de proximité), une des trois organisations patronales françaises dont sont membres la Capeb (Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment) et la CNATP (Chambre nationale des travaux publics et du paysage). L'occasion pour le locataire de Bercy de revenir sur de nombreux sujets d'actualité, au lendemain de la présentation du projet de loi de Finances (PLF) 2024 et de ses crédits alloués à la transition écologique et énergétique.

 

 

D'après lui, c'est une position d'équilibrisme que le Gouvernement cherche en réalité à adopter, entre promotion du travail, soutien aux entreprises, baisses des impôts et désendettement. Un exercice loin d'être facile. Mais pour Bruno Le Maire, le choix semble fait : non à davantage de dépenses publiques, mais oui au travail, à l'innovation, à l'entrepreneuriat. Sauf que les entreprises, surtout les plus petites, sont aujourd'hui confrontées à un contexte économique morose qui plombe leurs perspectives d'activité.

 

Renégocier les contrats d'électricité

 

Leur inquiétude se retrouve tout d'abord au niveau des prix de l'électricité. "Nous allons maintenir dans le budget 2024 des aides pour toutes les petites entreprises qui ont signé des contrats de 2, 3, 4 ans alors que les prix étaient trop élevés. Je dévoilerai très prochainement les modalités de ces aides ; mais nous maintiendrons des aides pour continuer à aider les petites entreprises qui sont encore en difficulté", a assuré le ministre de l'Économie devant les représentants des artisans, TPE et indépendants.

 

Les petites structures devraient donc pouvoir renégocier leurs contrats conclus à un tarif trop élevé. "J'ai demandé à plusieurs reprises au président d'EDF, Luc Rémont, de faire en sorte que dans tous les territoires, lorsque les contrats ont été négociés à un niveau exorbitant, il puisse y avoir des renégociations", a complété Bruno Le Maire. Lequel a également défendu le parc nucléaire français qui garantirait une certaine maîtrise du prix de l'électricité tricolore.

 

Avant de renchérir : "Nous avons investi dans l'énergie nucléaire, nous avons des centrales nucléaires qui sont désormais amorties, qui nous permettent d'avoir un coût de l'électricité à un prix très bas ; c'est votre argent, c'est vos investissements, c'est vos impôts qui financement directement ou indirectement ces équipements électriques, il est donc légitime que vous ayez un coût de l'électricité plus bas."

 

Le logement, "priorité majeure"

 

Il a aussi été question d'emploi. Malgré le succès de l'apprentissage, l'exécutif admet que des questions de formation et de qualification se posent encore. "S'il faut encore modifier certains points, regarder certains ajustements, ma porte est ouverte pour en discuter", a lancé le locataire de Bercy aux professionnels. Son inquiétude ne semblait cependant pas cristallisée sur ce point précis. Car selon lui, il y a une "priorité majeure" en cette rentrée : le logement.

 

Plusieurs régions manqueraient de main-d'oeuvre, empêchant du même coup des entreprises du BTP de répondre pleinement à la demande d'activité, pendant que d'autres connaissent un chômage élevé. "La solution est simple : cela s'appelle la mobilité, pouvoir passer d'un territoire à un autre. Si nous ne réglons pas le problème du logement en France, nous n'atteindrons pas le plein-emploi en 2027." Il y aurait donc "urgence" à régler ce problème, et c'est pourquoi le ministre affirme avoir fait des "ouvertures" sur plusieurs décisions.

 

"Nous avions recentré le PTZ (prêt à taux zéro), mais on l'avait tellement recentré qu'on risquait fort de ne plus avoir personne qui pouvait en bénéficier. Je suis prêt à revoir le barème du PTZ pour qu'un plus grand nombre de nos compatriotes, en particulier les ménages des classes moyennes, puissent y avoir accès", a-t-il avancé. Il souhaite par ailleurs "travailler à un prêt à taux intermédiaire", de l'ordre de 2-3%, qui permettrait aux classes moyennes d'avoir accès à un apport et de pouvoir se voir offrir un crédit par leur banque. Bercy se dit également prêt à regarder "si le zonage est bon, s'il ne mérite pas d'être élargi".

 

Aligner les cotisations des indépendants sur celles des salariés

 

 

Un autre sujet concerne particulièrement le bâtiment : la TVA. Comme Batiactu l'avait annoncé en exclusivité, le ministère de l'Économie semblait hostile à une hausse du taux de 10 à 20% pour les travaux de rénovation non énergétique. "Tout cela est en cours d'arbitrage, je veux juste vous dire que vous pouvez compter sur mon soutien", a simplement commenté Bruno Le Maire. Qui se dit "proche" de la position "équilibrée et juste" défendue par la Fédération française du bâtiment (FFB) et la Capeb. Plus largement, il s'est dit défavorable à "des décisions qui ralentiront la construction en France là où nous avons besoin de l'accélérer".

 

En outre, la réforme de l'assiette de cotisations des indépendants est dans les tuyaux. "Je sais bien que c'est difficile, simplement l'engagement a été pris lors de la réforme des retraites en janvier dernier", a tempéré Bruno Le Maire. "Nous devons parvenir, dans le cadre du débat parlementaire, à un alignement de l'assiette de cotisations des indépendants sur celle des salariés." Bercy compte enfin mettre l'accent sur la simplification administrative, "marronnier de la vie politique française" comme l'a reconnu le ministre.

 

Le "marronnier" de la simplification

 

Voulant visiblement s'attaquer au problème "une bonne fois pour toutes", ce dernier a annoncé la tenue prochaine des Assises de la simplification des TPE-PME. L'U2P aurait déjà formulé plusieurs propositions, comme sur les normes environnementales ou les entreprises qualifiées pour réaliser des travaux. "Plutôt que d'avoir une labellisation avant les travaux, pourquoi ne pas regarder une labellisation après les travaux, sur la base du travail fait ? Regardons ce qui est concret, simple, facile et qui marche", a estimé Bruno Le Maire, balayant de facto "des normes théoriques qui ne donnent rien dans la vie réelle" ou encore "un carcan qui vous empêche de faire correctement votre boulot".

 

Dernier chantier évoqué : la numérisation, "absolument indispensable" aux yeux du ministre. L'initiative France Num, portée par la Direction générale des entreprises de Bercy, a d'ailleurs publié ces derniers jours le baromètre de la transition numérique des TPE-PME. "Continuons à avancer dans cette direction, là aussi je suis ouvert à toutes vos propositions", a indiqué le ministre aux professionnels. Avant de leur donner rendez-vous pour les Jeux olympiques et paralympiques de l'été 2024, "un défi absolument considérable, notamment dans le bâtiment" qui doit se solder, selon lui, par "une grande réussite de l'entrepreneuriat, des salariés et du travail". Affaire à suivre.

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