Les Trophées de l'aménagement urbain récompensent des opérations récentes portant sur l'espace public et contribuant à son embellissement, à l'amélioration de son fonctionnement, à son intégration sociale et au confort des habitants.

Depuis plusieurs années, de nombreuses communes françaises entreprennent une réflexion sur la qualité urbaine et développent à travers de nombreux projets une nouvelle approche des questions relatives au paysage, à la communication, à la stratégie économique et aux enjeux culturels. Une nouvelle maîtrise d'oeuvre urbaine est apparue à la faveur de projets autour d'infrastructures routières, de restructuration de friches, de remodelage des entrées de ville, de structuration de zones d'activité, de la réorganisation urbaine de grands ensembles, ou encore de la composition urbaine et de l'art urbain. « Les Trophées de l'Aménagement Urbain », concours national, proposent de distinguer les réalisations qui relèvent de cette nouvelle stratégie urbaine.

Pour les Trophées 2003, 109 communes ont envoyé un dossier de candidature. Au final quatre réalisations ont été choisies sur les critères suivants : qualités architecturale, urbanistique, et paysagère ; ainsi que sur le traitement des espaces publics et la réalité économique du projet.

Deux villes sont arrivées ex aequo dans la catégorie « commune de moins de 10.000 habitants » : Gray et Port-Vendres.
Située en Haute-Saône, la ville de Gray (7.300 habitants) a fait appel à l'agence Territoires Paysagistes pour l'aménagement d'une place, avec jardin et kiosque (budget : 818.862 ? HT). L'aménagement de cet espace public est un vrai projet paysager, à la fois respectueux du caractère naturel du lieu et ambitieux dans les apports graphiques, matérialisés par des cheminements ponctués d'éléments singuliers en granit et béton. La couleur noire du dallage en granit guide subtilement les promeneurs de l'accueil vers le jardin par un chemin qui finit par se fondre dans l'herbe. Des chemins transversaux facilitent l'accès au centre ville pour les habitants des quartiers voisins, assurant ainsi une liaison fluide. Au centre de cet espace très composé, un kiosque, protégé par une toile blanche attire les regards de jour comme de nuit où il se transforme en signal lumineux au milieu des tilleuls, pour le plus grand plaisir des promeneurs nocturnes.

La commune de Port-Vendres (6.000 habitants) dans les Pyrénées Orientales a été récompensée pour la réhabilitation de l'espace public autour du port (maîtrise d'oeuvre : Michel Batlle Architecte et Paysagiste Aribau ; budget : 452.000 ? HT). La municipalité réhabilite des espaces publics à la fois monumentaux et fonctionnels situés à l'interface ville/port : quais et jetées, place, esplanade... Un travail complexe de calepinage a permis de résoudre les problèmes de pentes et d'escaliers, des seuils de différents niveaux. La pierre locale - le calcaire gris aux veines blanches de Port-Vendres - est travaillée comme un tissu : froncé pour former un pas d'âne, plissé perpendiculairement pour créer un escalier, soulévé pour dessiner la terrasse du restaurant. Il en résulte une expression unitaire, sobre et savante qui donne à voir le mouvement et l'espace.

Dans le prolongement de la Promenade des Anglais, la ville de Nice (Alpes Maritimes, 346.000 habitants) a obtenu un Trophée pour l'aménagement d'un quai et d'une piste cyclable le long de la corniche (maîtrise d'oeuvre : Ville de Nice, StoA Architecture ; budget : 1.600.000 ? TTC).
Taillée dans la roche entre mer et colline, la corniche de Rauba Capeu (300 m de long) offre un magnifique point de vue sur la baie des Anges. La ville a décidé de transformer ce site exceptionnel mais délaissé et dégradé en s'appuyant sur la création d'une piste cyclable prolongeant celle de la Promenade des Anglais. Dans un contexte où il était impossible d'adoucir le rapport à la mer, le choix a été assumé d'en accentuer le trait : rien, ni arbre, ni mat, ni garde-corps, ni parapet, rien ne limite le rapport direct avec la mer, n'arrête le regard.
Creusée en tranchée en avant du soutènement, la promenade est séparée du trottoir par un banc de pierre à l'ample courbure, protégée de l'à pic par un garde-corps, dont la hauteur n'excède pas le banc. Au plus près de l'entaille de la mer, ce simple banc de pierre blanche dessine une promenade que des spots transforment en serpent lumineux la nuit, le quai se faufilant comme un lacet entre l'eau et la roche. En retrait de la promenade, la chaussée a été réduite à deux voies de circulation avec une piste cyclable et un trottoir élargi côté mer.
Volontairement sobre et radicale, cette réalisation économique utilise les éléments existants, le panorama, les courbes du soutènement et un calcaire qui répond à la pierre blanche de la colline utilisée pour les quais du port.

La commune de Saint-Herblain en Loire Atlantique (44.822 habitants) a reçu le Prix spécial du jury pour l'aménagement du cours Hermeland (maîtrise d'oeuvre : Y. Bureau, Archidée, Sogreah Praud, Bosc et Pigot, Phytolab, In-situ, Paysages de l'Ouest, Maguero, Pacteau, Ville de Saint-Herblain ; budget : 2.892.000 ?).
L'aménagement du Cours Hermeland, opération ambitieuse, est lancée pour restructurer un tissu urbain anarchique et redonner un sens à la ville. Le nouveau cours relie les quartiers entre eux, formalise la création d'un coeur de ville, favorise les convergences de la population et des activités. Le Cours Hermeland, identifié par son caractère paysager - ancienne trame agricole, cours d'eau, vallons, flore - s'est enrichi d'esplanades, d'équipements publics, de plans d'eau. La végétation a été renforcée, le tout avec un vocabulaire architectural précis - éclairage, bornes - d'expression contemporaine.

Les Trophées à proprement parler seront remis aux représentants des communes et des équipes d'architectes, de paysagistes et d'urbanistes lauréates le mardi 27 avril 2004, au Palais des Congrès à Paris dans le cadre du Salon MO? maîtrise d'oeuvre - maîtrise d'ouvrage, par le Groupe Moniteur, organisateur de ces deux manifestations.

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