Au moins six personnes, dont le patron de l’entreprise générale Cardinal SA, ont été mises en examen après un vaste coup de filet opéré mercredi pour démanteler une filière de travail clandestin dans l'ouest de la France.

Quatre sous-traitants de nationalité turque sont poursuivis notamment pour "dissimulation de salariés", a précisé vendredi soir lors d'une conférence de presse le procureur, Jean-Yves Trémoureux, alors que d'autres mises en examen devaient intervenir.
Ils ont été placés sous contrôle judiciaire, de même que deux dirigeants - le PDG et son adjoint - d'une importante entreprise de BTP, la SA Cardinal (environ 300 salariés), basée à Mernel (Ille-et-Vilaine).

Le procureur avait requis le placement en détention provisoire de ces deux ressortissants français, considérés comme les donneurs d'ordre du réseau et mis en examen pour "recours au travail dissimulé", mais le juge a préféré les laisser en liberté. Une caution de 150.000 euros a cependant été infligée au PDG de l'entreprise.

Selon toute vraisemblance, une septième personne, un ressortissant turc considéré comme le principal maillon de la chaîne, soupçonné d'avoir fait l'interface entre la SA Cardinal et les sous-traitants, devait être mise en examen voire placée sous mandat de dépôt, compte tenu de son casier judiciaire.
Le procureur de la République a requis des poursuites contre dix autres patrons d'entreprises sous-traitantes, neuf Turcs et un Marocain, qui recouraient à des ouvriers peu ou pas déclarés et parfois démunis de titre de travail ou de séjour.

Une opération menée par la section de recherche de la gendarmerie de Rennes, avec l'appui du Groupement d'intervention régional (GIR) de Bretagne, avait mobilisé mercredi matin quelque 200 militaires et fonctionnaires, en particulier dans les secteurs de Rennes et Redon.
Quatorze étrangers en situation illégale ont fait l'objet d'un arrêté de reconduite à la frontière.

L'enquête ayant conduit au démantèlement de cette filière avait été ouverte en mai dernier, avec des ramifications jusqu'en Picardie et en Ile-de-France, où la plupart des sous-traitants avaient domicilié leur société.
Selon le procureur, les 14 entreprises sous-traitantes mises en cause employaient 104 salariés turcs, dont au moins 45 n'étaient pas déclarés.
Certaines d'entre elles faisaient appel à de la main-d'oeuvre clandestine recrutée en région parisienne et logée en Bretagne, pour partie payée de la main à la main et effectuant des heures de travail excédant largement la durée légale.
L'Urssaf estime la fraude qu'elle subit à 5 à 15% de ses encaissements globaux, soit de 12 à 37 milliards d'euros par an à l'échelle nationale.

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