MUNICIPALES. Deux semaines après la publication du "Nouvel urbanisme parisien" par l'adjoint à la maire de Paris à l'urbanisme Jean-Louis Missika, le think tank Terra Nova ouvre ses colonnes aux réponses d'acteurs de l'architecture, de la ville, et de la transition écologique.

Le 18 septembre dernier, Jean-Louis Missika, adjoint à la maire de Paris en charge de l'urbanisme, du développement économique et de l'attractivité, dressait dans un épais rapport le bilan de sa mandature à l'Hôtel de Ville, et les tendances qui se dessinent pour l'avenir.

 

Il y ouvre notamment la réflexion sur les "communs urbains", un sujet initié par la prix Nobel d'économie Elinor Ostrom, et qui, selon Jean-Louis Missika, devient inéluctable dans les métropoles du monde. Dans ce qu'il nomme "la gouvernance des communs urbains", l'adjoint parisien dépeint la relation entre acteurs publics et privés dans la fabrication et la gestion de la ville. "Une véritable muraille de Chine", qu'il serait temps de démolir, sous-entend-il.

 

Consultante en économie urbaine, Isabelle Baraud-Serfaty partage le constat, mais pas nécessairement la méthode. Partageant le postulat selon lequel "le clivage public-privé est dépassé", elle estime que Jean-Louis Missika évoque moins ce partenariat au moment de la construction d'un projet, que celui de sa gestion, donc sa gouvernance.
Alors que l'auteur du "Nouvel urbanisme parisien" cite Réinventer Paris en exemple sur la redéfinition des relations public-privé, Isabelle Baraud-Serfaty regrette que ce type d'appel à projets innovants ne pose pas de manière claire la place de la puissance publique pour préserver l'intérêt général dans ces projets mixtes.

 

Conserver le monopole public

 

La cession foncière a ainsi remplacé les baux emphytéotiques sur des propriétés municipales. Et malgré "des clauses d'affectation garantissant le type d'usage ou la mise en place de l'innovation pendant dix ans", la Ville de Paris "a peu de prise sur ce qui se passe une fois le projet réalisé", et s'appuie sur une contractualisation dont "la portée juridique est faible". Plus que jamais, "la question de la gouvernance des projets privés qui créent du commun est un défi de plus en plus important pour les villes", estime Isabelle Baraud-Serfaty.

 

Pour la présidente du Conseil régional de l'ordre des architectes d'Ile-de-France (Croaif), Christine Leconte, la municipalité doit montrer une posture plus radicale. Admettant que "les rapports entre acteurs publics et privés doivent être clairement définis", Christine Leconte voit dans le patrimoine municipal un héritage à conserver coûte que coûte. Alors que le foncier vient à manquer dans un Paris ultra-saturé, "le public doit selon nous conserver ce qui lui appartient", juge la présidente du Croaif, qui voit dans la gouvernance des communs urbains la sauvegarde du "monopole public", en y associant davantage les citoyens.

 

De nouveaux outils de dialogue et de décision

 

Un impératif de concertation que partage Jean-Louis Missika, pour qui "l'enjeu des communs urbains est de trouver une bonne articulation entre une implication citoyenne plus forte dans des projets de proximités et la prise en compte des intérêts métropolitains", nécessitant "de nouveaux outils de dialogue et de décision".

 

L'urbanisme parisien qui se réformera au cours des dix prochaines années sera sans doute influencé par la question écologique, qui appelle là encore une réflexion sur le mode de gouvernance au sein même de l'échelon municipal. L'écologue et professeur au Museum national d'Histoire naturelle Philippe Clergeau estime que "les projets impliquent aujourd'hui essentiellement le paysagisme et peu de biodiversité". Et d'appeler à un trinôme écologue-paysagiste architecte pour concevoir la ville résiliente, et à plus de "transversalité" entre élus et services de la mairie en charge de l'aménagement.

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