Le taux du Livret A devrait monter à 4 % le 1er février, son plus haut niveau depuis plus de 20 ans, en vertu du mécanisme de fixation automatique. Mais le gouvernement est susceptible d’invoquer des «circonstances exceptionnelles» pour en limiter la hausse, selon un conseiller de la ministre de l’Economie Christine Lagarde.

Cette hausse théorique de 4 %, contre 3 % actuellement, s'explique par l'augmentation de l'inflation et des taux d'intérêt auxquels les banques se prêtent entre elles, sous forte pression en raison de la crise des «subprimes».

Le taux du livret A est actualisé au 1er août et 1er février de chaque année. Il résulte d'une moyenne entre l'inflation hors tabac et l'Euribor 3 mois (taux interbancaire), majorée de 0,25 point. Pour le mois de décembre, l'Insee a annoncé mardi une inflation hors tabac de 2,46 % sur un an, tandis que la moyenne de l'Euribor s'établit à 4,86 %. Majoré de 0,25 point, le calcul fait donc ressortir un taux de 3,9%, arrondi à 4%, et censé s'appliquer jusqu'au 1er août 2008.

Toutefois, «il est possible que la Banque de France fasse état de circonstances exceptionnelles à l'heure actuelle sur les marchés», a expliqué un conseiller de Christine Lagarde, confirmant des propos tenus par la ministre de l'Economie elle-même en décembre.

Le niveau de rémunération du Livret A, détenu par 45 millions de Français, a des conséquences directes sur le financement du logement social. Ses encours, centralisés par la Caisse des Dépôts, permettent de financer des prêts à long terme aux organismes du logement social. Toute hausse de son taux renchérit donc le coût de leurs crédits.

Le rapport Camdessus non favorable à un relèvement du taux
L’ancien gouverneur de la Banque de France, Michel Camdessus, auteur d'un rapport sur le Livret A, a confié au quotidien Le Monde qu'il n'était «pas favorable à un relèvement du taux» de ce produit d'épargne. Il suggère même de supprimer la «bonification de 0,25%», ce qui aurait un «effet immédiat puisque chaque quart de point de rémunération coûte 500 millions d'euros», selon lui.

«Relever le taux du Livret A, c'est relever aussi le taux des prêts aux organismes d'HLM que ce livret finance et, en conséquence, leur loyer. Cela n'est pas opportun à un moment où ces loyers sont difficilement accessibles pour beaucoup», a déclaré Michel Camdessus avant d’ajouter que «maintenir cette règle (de calcul) reviendrait à faire payer aux plus pauvres en France les bêtises des subprimes aux Etats-Unis !»

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