Organisé lundi à Batimat 2003 dans le cadre de l’Année Européenne des Personnes Handicapées, ce symposium a permis de faire le point sur la situation actuelle dans le bâtiment en France, et de dégager des axes de réflexion pour les nombreux progrès qui sont encore à faire.

« Une personne normale est une personne qui n’est pas encore handicapée ». Ces propos, tenus par Jean-Luc Simon, président du comité français de coordination 2003 pour l’AEPH, en guise d’introduction et de conclusion au symposium résume bien le ton de cette rencontre. L’accessibilité est l’affaire de tous, et par conséquent, on ne saurait se limiter à construire du sur mesure pour les handicapés. Privilégier l’inclusion plutôt que la stigmatisation de certains groupes, voilà pour le constat de départ. Aucun des intervenants du symposium, qui réunissait notamment Jean-Claude Cunin, Jean R. Daussy et Louis P. Grosbois, n’a discuté cette appréciation de la situation.

M. Cunin, chargé des questions de revendication à l’AFM (Association Française des Myopathies) a rappelé que " l’on n’est pas handicapé du verbe être, mais que l’on peut se trouver en situation de handicap" et ajoute que " le handicap n’est pas inhérent à la personne mais est consécutif à un ensemble d’interactions sur lesquelles il faut agir pour réduire les situations de handicaps ". Par ailleurs, le symposium, dans la diversité des points de vues qui s’y sont exprimés, a bien fait valoir le fait que le handicap ne peut se combattre qu’en prenant conscience " du processus de production de situations de handicap" selon les termes de Jean Claude Cunin.

Pour faire advenir cette prise de conscience, il faut donc faire participer le plus d’acteurs possibles dans l’élaboration des stratégies d’accessibilité. Au premier rang desquels les handicapés eux-mêmes, et évidemment les concepteurs. Pour M. Grosbois, architecte et auteur du livre
" Handicap et Construction" et vice-président du COLIAC il reste d’énormes lacunes en termes de formation, et ceci malgré la résolution du Conseil de l’Europe sur l’introduction des principes de conceptions universelle dans les professions travaillant sur l’environnement bâti. M. Grosbois note qu’ " il n’y a pas de réelle formation à la conception du bâti pour tous " en France. Pour autant, au-delà du « savoir-faire » c’est bien le « vouloir faire » qui fait souvent défaut.

Les constats établis par le groupe de réflexion sur l’accessibilité COBATY France sont en ce sens révélateurs. Il pointe par exemple, entre beaucoup d’autres dysfonctionnements, la hauteur trop élevée des boites aux lettres (à croire que les personnes handicapées ne reçoivent pas de courrier), les portes d’ascenseurs et les couloirs trop étroits, le franchissement parfois impossible des portes d’entrées, les commandes des ascenseurs qui ne permettent par d’appuyer sur les boutons au delà du 3ème étage ( comme tout le monde le sait, un handicapé n’habite jamais au 4ème ou au 5ème ).

Pour ce qui est du logement locatif, un grand nombre d’améliorations ont été accomplies, mais il reste des entraves à la réglementation, surprenantes car " elles subsistent après réception des travaux et au cours de l’exploitation du bâtiment " selon le rapport, qui note également l’absence de réglementation pour la réhabilitation, domaine qui pèse pourtant aussi lourd que la construction neuve.

A la vue des améliorations qui restent à apporter, l’opinion de M. Simon selon laquelle "l’accessibilité globale ne peut se concrétiser que si cet objectif est présent à tous les niveaux, de la conception à la réalisation" semble sans réplique. Et ce dernier de déplorer la dispersion des solutions existantes, faute d’identification des besoins, ou parce que les personnes handicapées qui en sont à l’origine " n’ont pas encore trouvé les moyen d’apporter leur contribution à l’édification du monde". Il s’agit donc bien de s’ouvrir " au monde et à l’autre "pour avancer ensemble.

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