Dans deux mois, les passionnés d’art abstrait pourront à nouveau admirer les décors de la salle des fêtes de l’Aubette à Strasbourg. A l’instar de la célèbre chapelle vaticane, les travaux de restauration des peintures ont permis de retrouver la vivacité des aplats de couleurs, réalisés à l’entre-deux-guerres.

Les historiens de l’art la qualifie de «chapelle Sixtine de l’art abstrait». Elle, c’est la grande salle des fêtes située dans l’immeuble de l’Aubette, place Kléber à Strasbourg. Entre 1926 et 1928, trois artistes y réalisent un vaste programme de décoration intérieure, sorte de «synthèse monumentale de l'espace, de la forme et de la couleur». Plusieurs remaniements ont peu à peu masqué l’oeuvre, signée par l'architecte hollandais Theo van Doesburg, associé au sculpteur strasbourgeois Hans Arp et son épouse, le peintre Sophie Taeuber.

Un chantier archéologique
Lors des deux années de chantier, dont le montant est de 1,34 million d’euros, des experts internationaux se sont livrés à un «véritable travail archéologique» pour retrouver et analyser les traces de peinture d'origine, explique Simon Piéchaud, conservateur régional des monuments historiques. Les vestiges du décor ont été protégés, puis recouverts d'un support pour une «restitution» à l'identique, basée sur l'analyse des pigments et la reconstitution des teintes telles qu'elles furent choisies à l’origine. Les connaisseurs de la peinture abstraite de l’entre-deux-guerres apprécieront la structure des aplats de couleurs, cadrés par des bandes grises. Un manifeste d’art total où sont mises en application à grande échelle les théories esthétiques élaborées par Piet Mondrian. L’inauguration officielle est prévue pour le 8 juin.

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