VILLE. Avec une deuxième édition de Réinventer Paris dédiée aux sous-sols, le dessous des villes apparaît plus que jamais comme un nouvel espace de jeu pour les architectes, qui doivent encore concilier les contraintes physiques et techniques avec la nécessité de créer des ensembles cohérents, a contrario d'une segmentation des usages aujourd'hui à l'œuvre.

AérogArt, l'Immeuble inversé et la Cité universelle : trois projets lauréats du second volet de Réinventer Paris qui ont pour point commun d'explorer les nouveaux usages des sous-sols parisiens, jusque là dévolus aux parkings et aux galeries du métro.

 

Si les souterrains riment souvent avec lugubre, froid et inhospitalier, c'est aussi, selon l'architecte Dominique Perrault, le fait de constructions culturelles qui associent "le dessous au lieu de déni et d'exclusion". Venu dérouler son projet AérogArt devant les membres de l'Association des directeurs immobiliers, le concepteur de la Bibliothèque François Mitterrand a justifié son intérêt des sous-sols par le fait de pouvoir "mettre en relation l'épiderme de la terre avec l'environnement d'une superstructure".

 

Le projet de Dominique Perrault, lauréat de Réinventer Paris II prendra place dans l'enceinte de la gare des Invalides. L'architecte a souligné sa volonté de "protéger l'héritage" de ce bâtiment hérité de l'Exposition universelle de 1900, en "développant un système racinaire qui permet de donner vie à ce bâtiment sans y toucher".

 

Les sous-sols, propices à la logistique urbaine

 

Si les idées ne manquent pas pour traduire les sous-sols en nouveaux espaces urbains, Dominique Perrault craint que la démocratisation de ce mouvement exploratoire ne soit ralentie par "le manque de connaissances en la matière, et l'absence de mise en relation d'un projet avec un autre".

 

Mais avant que les projets soient nombreux et ne se côtoient, les sites en sous-sol existants et aujourd'hui inadaptés offrent de premiers supports de travail. A l'exemple du Grenier Saint-Lazare, qui accueillera le projet d'immeuble "renversé" porté par Sogaris, spécialiste de la logistique urbaine. Cet ancien parking, un des premiers automatisés de Paris, a rapidement perdu son utilité puisque devenu trop étroit pour les nouveaux modèles de véhicules qui n'en sortaient pas sans quelques égratignures.

 

 

"Nous souhaitions travailler sur le retour de l'humain, un enjeu essentiel pour nous, tandis que les espaces souterrains sont des sites où la logistique urbaine peut se déployer", a développé Jonathan Sebbane, directeur général de Sogaris. Sur six niveaux, les étages les plus proches de la rue seront dédiés à l'accueil du public, avec l'installation d'une plateforme de services, dont une conciergerie et d'une salle de quarantaine de mètres carrés à disposition des riverains.

 

Autre projet d'ampleur primé par la ville de Paris: la Cité universelle, construite sur l'emplacement de l'actuelle préfourrière de Pantin. Un espace central que se partagent Paris, Pantin et le Pré Saint-Gervais et qui accueillera le premier centre entièrement dédié au handisport. Porteur du projet, GA Smart Building s'est frotté "à une seule contrainte sur site, replacer la préfourrière", rapporte Najoua Elatfani, directrice de développement.

 

La préfourrière sera ainsi placée en sous-sol, au-dessous d'un niveau de parking lui-même voué à évoluer en fonction des futurs usages de la voiture à Paris, "l'objectif étant de lier le dessus au dessous", résume Najoua Elatfani.

 

La marseillaise
Le projet de Cité universelle, entre Paris, Pantin et le Pré Saint-Gervais.


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