La construction est régulièrement pointée du doigt pour être le secteur le plus touché par les accidents de travail. En Europe, certains pays se distinguent par leurs comportements vertueux, mais d'autres ont encore des efforts à fournir. Détails en chiffres avec Jonathan Todd, porte-parole pour l'emploi, les affaires sociales et l'inclusion à la Commission européenne.

Selon Tissot-Rapport de gestion 2012 de l'Assurance Mala, en 2012, le nombre d'accidents du travail dans le BTP a baissé de 6,8 %, portant leur chiffre à 107.715, néanmoins le bilan est moins rose pour les maladies professionnelles puisqu'elles progressent de 1,5 % par rapport à 2011, à 6.763.

 

Si la France fait des efforts en matière de prévention, elle n'est pourtant pas la meilleure élève en Europe. Elle se situe dans la moyenne. Selon les statistiques Eurostat*, ce sont les pays nordiques (Finlande, Suède, Angleterre, Pays-Bas) qui se distinguent pour avoir un faible ratio en matière d'incident. De leur côté, la Lettonie, le Portugal et la Croatie ferment la marche avec des ratios élevé. Des données tempérées tout de même par Jonathan Todd, porte-parole pour l'emploi, les affaires sociales et l'inclusion à la commission européenne : "Il est difficile de comparer les performances des pays en ce qui concerne les accidents graves au travail (plus de 3 jours d'absence) car les règles administratives changent d'un pays à l'autre, sans oublier les différences culturelles et sociales", explique-t-il, précisant que la définition "d'accident mortel au travail" peut changer d'un Etat à l'autre.

La construction, secteur le plus à risque en Europe

Securité europe
Securité europe © Eurostat
Reste un constat sans appel : globalement, malgré une chute substantielle de nombre d'accidents mortels, la construction reste le secteur le plus impacté en Europe : 943 accidents mortels en 2011, et une moyenne de 6.18 morts pour 100.000 personne contre 1.94 pour les autres secteurs d'activités. Parmi les facteurs qui contribuent le plus à la hausse du risque d'accidents, on peut citer le comportement des hommes. Une analyse partagée à la fois par la Commission, mais également par plus de 70 % des entreprises interrogées par le spécialiste de la prévention des risques, Dekra Industrial**. "Près d'un tiers des personnes interrogées estiment que la pression croissante sur les employés est également l'un des principaux facteurs de hausse des risques d'accidents, exception faite de l'Allemagne où ce taux n'est que de 20 %", précise également l'enquête de cet expert.

Bientôt une évaluation européenne

Pourtant, l'Europe a mis en place des cadres, notamment avec la Directive 89/391/EEC qui garantit la sécurité minimale et la santé au travail. "Les Etats sont après libres d'établir des mesures plus rigoureuses", nous explique Jonathan Todd. Et de compléter : "La Directive 92/57/EEC spécifique fixe une sécurité minimale et des exigences de santé pour les chantiers provisoires ou mobiles que ce soit pour la construction de bâtiments ou d'ouvrages de génie civil. L'objectif étant de prévenir les risques en retraçant une chaîne de responsabilités de toutes les parties impliquées".

 

L'Europe travaille actuellement à l'amélioration du cadre législatif. En effet, la directive 89/391/EEC de Cadre (l'Article 17a) exige de la Commission l'évaluation des pratiques en termes de sécurité professionnelle et de santé au travail. Le tout à travers le prisme des syndicats et des représentants des employés, mais aussi par celui de spécialistes extérieurs. Ce rapport, qui devrait être un véritable outil de travail, doit être achevé à la fin de 2015 au plus tard.

 


*Chiffres de la commission européenne - Eurostat 2011

 

** Baromètre Dekra 2013 réalisé sur plus de 2000 personnes en charge de la prévention en Allemagne, en France, aux Pays-Bas et en Pologne

 

Zoom sur la France
Des accidents du travail qui ne baissent plus, et des maladies professionnelles qui progressent moins vite, mais :
- une hausse des accidents mortels et de ceux ayant entraîné une incapacité permanente,
- Les femmes de plus en plus touchées (+ 21%)
- Une génération 3 fois plus soumise aux risques : les moins de 20 ans.
Source: Baromètre Dekra 2013

 

 

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