Les trésoreries d'entreprises sont au plus bas et le secteur non résidentiel peine à se relever. Malgré tout, les permis de construire de logements sont en nette hausse sur le dernier trimestre et les pertes d'emplois seront moins importantes que prévues pour l'année 2010. A l'heure de la rentrée, la Fédération française du bâtiment fait le bilan sur la situation du secteur.

«Le bâtiment va mieux, mais reste fragile» : c'est par cette phrase que Didier Ridoret, président de la Fédération française du bâtiment (FFB), décrit l'état actuel du secteur. En effet, si la construction de logements neufs est récemment repartie à la hausse (+1,3% de mises en chantier sur trois mois, et +28,6% permis de construire délivrés sur la même période), les segments de la construction non-résidentielle et de l'entretien-amélioration poursuivent leurs baisses respectives. En effet, les mises en chantier dans le non-résidentiel neuf ont chuté de 13,7% au cours des trois derniers mois. «Nous ne sommes pas encore au point historique le plus bas, mais on s'en rapproche», rapporte Bernard Coloos, directeur des Affaires économiques de la FFB. Et le segment de l'entretien-amélioration observe un recul d'activité de 3% depuis trois trimestres successifs. De plus, les trésoreries des entreprises ne sont pas au beau fixe, «érodées par des prix trop bas et une réduction des délais de paiement fournisseurs sans véritable contrepartie du côté des délais de paiement client», indique Didier Ridoret.

 

Petite note d'optimisme tout de même dans la conjoncture du bâtiment, la FFB a revu à la baisse sa prévision concernant la contraction de l'emploi en 2010. L'année devrait, en effet, se terminer avec la perte de 20.000 équivalents taux plein, contre 30.000 initialement prévus, dans un contexte de balance positive entre créations et défaillances d'entreprises. A noter, la nature des emplois supprimés : la FFB estime que 25.000 effectifs durs vont disparaitre sur l'ensemble de l'année, alors que 5.000 intérimaires supplémentaires seront embauchés. «Nous sommes les premiers surpris par ces comportements d'embauche», avoue Didier Ridoret.

 

«La pénibilité doit être éradiquée»
Sur le volet social, le président de la FFB a profité du bilan de rentrée pour aborder le sujet des retraites. Après avoir approuvé le report de l'âge légal de départ à 62 ans, il a évoqué la pénibilité, un sujet qui touche particulièrement les métiers du bâtiment. «L'approche de la pénibilité par le biais de cessations anticipés d'activités automatiques et collectives n'est assurément pas la bonne», estime Didier Ridoret, préférant le cas par cas. «La pénibilité doit être éradiquée. C'est pour cela que nous nous inscrivons pleinement dans la démarche de prévention et d'amélioration intensive des conditions de travail. Or, l'ériger en critère de départ anticipé ne ferait que la pérenniser».

 

Enfin, le président de la FFB a fait part d'un problème grandissant «qui pourrait être une vraie source d'inquiétude» : la contrefaçon. «Nous avons de plus en plus de remontées d'informations» à ce sujet, a expliqué Didier Ridoret, tout en restant flou sur ce thème. La FFB vient d'engager, avec la Société Mutuelle d'Assurance du BTP (SMABTP), une étude afin de connaître l'ampleur de «ce fléau qui concerne également notre secteur d'activité». Si la fédération préfère pour l'instant donner le moins de détails possible sur les causes et plaintes ayant engendré une telle étude, les résultats devraient être connus avant la fin de l'année.

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